Robotique : la Chine présente et imagine les assistants intelligents de demain

25 novembre 2015 à 14h04
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Quels seront les robots du futur ? Des androïdes serviles à la maison ultra-connectée, en passant par l'intelligence artificielle, la conférence mondiale des robots de Pékin dévoile les fantasmes du public et les dernières innovations des industriels.

Dans une tenue guerrière en impeccable soie blanche, un homme exécute ses mouvements de tai-chi en harmonie avec un bras motorisé, au milieu d'allées présentant un avenir peuplé de robots aux caractéristiques chinoises.

Des véhicules militaires surmontés de tourelles côtoient des machines de karaoké distributrices de boissons, devant des fabricants rivalisant d'ingéniosité pour promouvoir leurs « jiqiren » - « hommes-machines », en chinois.

Un secteur en développement qui bénéficie du soutien du pouvoir. Le président chinois Xi Jinping en personne a adressé une « lettre de félicitations » à la conférence, et l'industrie est citée nommément dans la version préliminaire du nouveau plan quinquennal, la « feuille de route » socio-économique du pays pour les cinq prochaines années.

La Chine est déjà le premier marché pour les robots industriels et représente un quart des ventes mondiales, selon la Fédération internationale de la robotique.

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Le robot de service, l'avenir du secteur ?

Mais les véritables opportunités commerciales résident dans « les robots de service », à la maison ou au bureau, selon des chefs d'entreprises s'exprimant lors d'une table ronde. « Moins de 100 000 robots se trouvent actuellement dans les foyers chinois, sans compter les aspirateurs », note Liu Xuenan, PDG de Canbot.

Dans le futur, prédit Yu Kai, patron de Horizon Robotics, les assistants automatisés made in China pourront tout faire, fabriquer une voiture et même la conduire. « Chaque personne pourrait avoir 10 robots », assure-t-il. Une prédiction qui, si elle se vérifie, signifierait arithmétiquement la présence potentielle en Chine de près de 14 milliards de bonshommes robotisés.

Des guerriers métalliques de Transformers à Baymax, l'infirmier humanoïde tout blanc et rond du film d'animation Big Hero 6 : Les nouveaux héros, les consommateurs chinois se sont pris de passion pour ces robots super héros, dépensant sans compter en places de cinéma et produits dérivés. Dans les villes chinoises, des commerces attirent le chaland avec robots serveurs, cuisiniers androïdes et portiers mécanisés. Pendant que des Léonard de Vinci des campagnes bricolent des automates de bric et de broc à partir de ferraille de récupération.

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Mais la transition entre un monde robotisé fantasmé et une véritable économie pourrait se révéler ardue, les entreprises chinoises étant distancées technologiquement par leurs voisines de Corée du Sud et du Japon --le paradis incontesté des robots. La Chine devrait avoir des attentes plus pragmatiques dans un premier temps, estime Pinpin Zhu, président de Xiao i Robot, un service de commande vocale impliqué dans un litige de brevet avec le géant américain Apple et son assistant numérique Siri.

Selon M. Zhu, l'avenir sera certainement davantage peuplé d'applications mobiles connectées que de serviteurs humanoïdes.

Certaines entreprises, explique-t-il, se concentrent déjà sur des produits réalistes, tel « un four à micro-ondes modifié (...), capable de frire des oeufs... ça ne ressemble peut-être pas à un robot, mais ça a une intelligence artificielle ».

Les futurs maîtres du monde ?

Si la Chine veut espérer mener la révolution robotique mondiale, elle devra toutefois se détourner de son penchant un peu trop mécanique pour la copie, estiment des experts.

Dans le vaste hall d'exposition de la conférence, des machines affichant une étrange ressemblance avec Iron Man et les robots de Transformers se déhanchaient sur le tube disco-pop chinois Petite pomme. Et des stands proposaient des versions locales de gyropodes électriques Segway et d'aspirateurs autonomes Roomba. Mais les constructeurs font de rapides progrès, nuance Toshio Fukuda, expert en robotique à l'Université de Nagoya, au Japon, ajoutant que l'imitation est une étape nécessaire sur la route de l'innovation. « Au début, vous ne faites que copier. Il n'y a pas de créativité », explique-t-il, soulignant que le Japon fut aussi naguère critiqué pour sa culture de l'imitation. « C'est un processus. Ils doivent s'améliorer. »

Interrogé sur l'éventualité que ces robots du futur se retournent un jour contre leurs maîtres et conquièrent le monde, il rit. « Peut-être dans 30 ou 40 ans », sourit-t-il. « Mais je ne suis pas inquiet. Je ne serai plus en vie. » Rassurant !
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