François Régis TURQUET, Motorola : "Nous lancerons des téléphones Java/Linux en 2005""

18 novembre 2003 à 00h00
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JB - François Régis Turquet, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre parcours ?

FRT - Bonjour. Après une vingtaine d'années d'expérience dans le secteur agro-alimentaire, en particulier chez Danone et Cadburry-Scwheppes, j'ai rejoins depuis un an le groupe où j'occupe le poste de directeur des opérations PCS pour la France. Le "Personnal communication sector" désigne essentiellement la téléphonie mobile.

JB - Quelle est la part de marché de Motorola sur le marché du téléphone mobile aujourd'hui (volume / valeur) Pensez vous pouvoir un jour redevenir numéro 1 ?

FRT - Motorola est numéro un, avec environ 30% de parts de marché, aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Asie. Même si nous sommes bien implantés en France avec 15% du marché, nous sommes numéro deux sur l'ensemble du marché européen, territoire historique de Nokia, avec environ 8% des ventes.

Nous sommes donc un solide numéro deux mondial avec environ 15% de parts de marché et nous souhaitons garder notre leadership sur les marchés où nous sommes déjà numéro un. En Europe, la reconquête s'appuiera en particulier sur les terminaux UMTS dont nous sommes déjà le premier fournisseur.

JB - L'internet mobile rapide (CDMA 2000, GSM/GPRS, W-CDMA, etc...) tient-il ses promesses ? Observez vous des différences entre l'Europe, l'Asie et les Etats-Unis ?

FRT - Le GSM (GPRS, Edge, etc...) est encore la technologie dominante avec des volumes 5 à 6 supérieurs à ceux du CDMA mais nous anticipons la montée en puissance de cette famille, en particulier avec le développement du CDMA 2000 et du W-CDMA (ndlr : l'UMTS) à partir de 2005. Bien que de plus en plus d'opérateurs ouvrent leurs réseaux UMTS, nous constatons également le succès du GSM/EDGE, retenu par Bouygues Telecom en France ou Wind en Italie.

La mutliplication des technologies est donc un véritable défi pour un constructeur comme Motorola car nous devons désormais fournir des terminaux quadribandes, compatibles avec la famille GSM/GPRS/EDGE mais également avec l'UMTS (W-CDMA) et fonctionnels sur des réseaux 3G, fournis par des équipementiers télécoms différents comme Motorola, Nokia ou encore Nortel.

JB - Pourquoi avoir quitté le capital de Symbian ? Est-ce parce qu'un concurrent comme Nokia y a pris trop de poids ?

FRT - Nous avons été l'un des acteurs historiques de Symbian en partenariat avec Nokia mais notre choix ne vient pas de leur présence au capital de cet éditeur. Aujourd'hui, nous pensons que le marché réclame l'ouverture en matière de systèmes d'exploitation et nous voulons conserver la liberté de choisir entre les différentes plate-formes du marché. Nous avons conservé notre licence Symbian que nous utilisons pour commercialiser des produits 3G mais nous utilisons également Windows Mobile pour des produits pour le grand public et les professionnels. Enfin, nous lancerons à partr de 2005 une nouvelle gamme de téléphones basés sur le couple Java/Linux.

JB - Pourquoi ne pas travailler avec PalmSource ?

FRT - Il n'y a pas de position officielle à propos de Palm et nous ne nous interdisons pas de travailler avec eux. Notre objectif est de satisfaire non seulement nos utilisateurs, qu'ils aient un profil professionnel ou grand public, mais également de répondre aux choix des opérateurs qui veulent des OS ouverts, afin de personnaliser les interfaces et d'offrir des services spécifiques.

JB - Motorola commercialise un smartphone linux en Chine, basé sur le logiciel de Trolltech. Quelles sont vos relations avec cet éditeur ?

FRT - La plate-forme Java/Linux définitive de Motorola sera différente de celle de Trolltech mais je ne peux pas vous en dire beaucoup plus. Il faut toutefois rester conscients que le marché des Smartphones est estimé à environ 20% du marché total des téléphones mobiles. Plus les OS seront performants, plus ces produits se démocratiseront.

JB - Le marché du logiciel mobile compte de plus en plus de plate-formes : Windows Mobile, Palm OS, Symbian, Openwave/PhoneTools, Java/linux. Mais à l'instar de la solution i-mode, imposée par NTT DoCoMo à ses partenaires constructeurs, le dernier mot pourrait-il appartenair aux opérateurs cellulaires ?

FRT - Vous avez raison. L'opérateur opère des choix stratégiques et c'est à nous de l'accompagner. La technologie i-mode est une alternative aux portails du type Vodafone Live mais je ne pense pas que l'opérateur contrôlera le logiciel. Il doit fournir ses spécifications aux constructeurs de téléphones mobiles mais leur laisser la souplesse de choisir la meilleure plate-forme. Le software et les terminaux restent le coeur de notre business et c'est pour cela que nous développons une solution Java/Linux, afin d'offrir à nos futurs terminaux des capacités de personnalisation ou de téléchargement par les airs de nouveaux logiciels.

JB - Observez vous de nouveaux usages avec l'UMTS ? Anticipez vous l'intégration de tuners TV dans les téléphones ?

FRT - On a souvent présenté la visioconférence comme la "killer application" de l'UMTS mais nous ne pensons pas que ce soit le premier vecteur de différenciation. Par contre, l'UMTS est très intéressant pour les services actuels de personnalisation avec le chargement de sonneries de meilleure qualité, d'images ou de vidéos de plus haute définition. Pour ce qui est des produits audiovisuels, la seule chose que je peux vous dire est que Motorola s'est lancé dans la construction d'écrans LCD afin de lancer des téléviseurs sous sa propre marque en Asie.

JB - Le marché du téléphone et en particulier du smartphone peut-il s'aligner sur celui du PC avec une domination du type Microsoft + Intel et une banalisation de constructeurs asiatiques à bas coûts ?

FRT- Le marché est encore très ouvert personne ne sait quelle direction prendra le marché. Je ne crois pas à la domination d'une plate-forme ou d'une technologie mais plutôt à une grande variété de réseaux, de systèmes d'exploitation et d'interfaces, personnalisées aux couleurs des opérateurs cellulaires.

Même si les constructeurs asiatiques sont de bons compétiteurs et agissent comme des aiguillons sur ce marché, je ne pense pas qu'ils soient capable de proposer des produits adaptés à un marché aussi complexe et offrant autant de combinaisons. Les grands opérateurs sont à la recherche de produits fiables et seuls les grands constructeurs comme Motorola sont capables de faire face à ce défi.

JB - François Régis Turquet, je vous remercie.

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