Alice Zagury : "20 startups entrent tous les 2 mois chez The Family"

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Passée par l'EM Lyon, puis par Silicon Sentier et le 104, Alice Zagury lance The Family en 2013 avec Oussama Ammar et Nicolas Colin. Elle est désormais l'une des personnalités les plus influentes de l'écosystème européen. Rencontre.

Alice Zagury
Tony Trichanh


Clubic : Qu'est-ce que The Family ?

Alice Zagury : The Family est née d'une envie profonde de créer un environnement favorable à l'entrepreneuriat. Nous avons choisi ce nom car ça reflète bien le cocon chaleureux qu'on souhaitait créer. Une famille présente dans les moments difficiles, mais aussi pour les bons repas !

Nous accompagnons plus de 150 startups en Europe. Nos trois pilliers : l'éducation, les outils et l'accès au capital. 20 nouvelles startups entrent tous les deux mois. On travaille à relever l'ambition et les accompagner dans l'exécution. Vous connaissez peut-être certaines d'entre elles comme Heetch, Agricool, ou encore Payfit.

Votre carrière a commencé lorsque que vous avez perdu votre job. Quel a été l'élément déclencheur pour rebondir ?

A. Z. : Quand je suis sortie de l'école, je me cherchais. J'avais envie de responsabilités et d'évoluer dans un milieu créatif. Mais, je savais que les organisations avec une forte hiérarchie ne conviendraient pas.

J'ai alors été embauchée en tant que chef de projet dans une petite agence d'artistes. J'y consacrais toute mon énergie, sans compter mes heures. L'agence n'allait pas très bien financièrement et j'ai été l'une des premières à être licenciée.

Je me souviens encore de la boss qui m'a dit dans la cuisine : “Alice, tu serais meilleure en consultante. Tu es trop indépendante pour rester dans l'équipe !” Sur le coup, les bras m'en tombaient. Je m'y voyais rester encore longtemps. J'y avais placé tellement de rêves et d'engagement... Mon égo ne s'en remettait pas.

J'ai tiré une bonne leçon de cette expérience. On peut mettre autant de passion au travail que l'on veut, si l'entourage ne perçoit pas la valeur de cet engagement, c'est peine perdue.

Est-ce qu'en France, avoir une personnalité forte vous a aidé ?

A. Z. : J'ai eu la chance de partir travailler à Miami et d'étudier quelques mois en Inde. Voyager m'a aidée à comprendre le conformisme français comme un trait culturel et non une norme universelle.

Vivre l'expérience de l'immersion à l'étranger est, je crois, la meilleure façon d'élargir le champ des possibles et de renouveler son rapport au monde.

Les Etats-Unis m'ont confortée dans l'idée que par la volonté, je pouvais à peu près tout faire. L'Inde a nourri l'envie de rester au plus proche de ce qui avait du sens pour moi.

La France est un pays conformiste car les anciens ne veulent rien lâcher. Mais c'est aussi par manque d'audace des nouvelles générations. Ce sont à elles de saisir le pouvoir !

Quelles sont les limites pour une femme dans le milieu de la startup ?

A. Z. : Elles sont moins représentées, moins prises au sérieux, moins écoutées... Bref, on le sait, les limites pour les femmes sont nombreuses. Qu'est-ce qu'on peut faire pour changer ça ? Les femmes représentent la moitié des baccalauréats scientifiques. Pourtant, on n'en retrouve moins de 10% dans des écoles de programmation.

Il faudrait peut-être interpeller les parents ou faire de grandes campagnes nationales.

On a aussi un sujet plus profond : celui des qualités qu'on attribue au féminin et au masculin. Changer la perception est possible : on peut être conquérante, ambitieuse et déterminée, tout en étant une femme !

Quels seraient les conseils que vous donneriez à quelqu'un qui a perdu son job et qui veut monter son projet ?

A. Z. : Regarder koudetatondemand.co, c'est toute l'éducation en ligne pour apprendre à entreprendre. C'est gratuit et transforme la frustration en ressource, pour créer son projet.

Quels sont les prochains projets de The Family ?

A. Z. : En ce moment, il y a la formation de joinlion.co qui attire de plus en plus de monde. Elle est dédiée à tous ceux qui souhaitent s'immerger dans la culture startup afin de rejoindre une entreprise, tout en étant employé. Avis aux amateurs !
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