Fin de Megaupload : 48% des "pirates" cessent de télécharger... pour l'instant

29 février 2012 à 14h27
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Une étude Ifop pour Clubic révèle que 48% de ceux qui admettaient s'adonner aux joies du téléchargement illégal déclarent avoir cessé cette pratique suite à la fermeture de Megaupload. Si beaucoup envisagent de se tourner vers l'offre légale pour compenser, rares sont ceux qui se disent prêts à payer.

Y'a-t-il vraiment un effet Megaupload, comme l'ont déjà laissé entendre certains ayant-droits et patrons de chaîne ? Pour en avoir le coeur net, Clubic a choisi de faire appel aux services de l'Ifop, afin d'obtenir un panorama des nouvelles habitudes des Français en matière de téléchargement illégal. L'étude exclusive qui en résulte confirme un impact bien réel, qui ne se traduit toutefois pas en des termes particulièrement positifs pour l'offre légale payante.

Conduite par Internet auprès d'un panel de 1249 personnes représentatif de la population des internautes français, l'enquête révèle dans un premier temps que le téléchargement illégal concerne plus d'un internaute sur trois (37%). Ils ne sont toutefois que 8% à déclarer s'y adonner régulièrement, les autres arguant d'une pratique occasionnelle (12%), voire vraiment épisodique (17%). Sans surprise, l'Ifop confirme de fortes disparités entre les différentes tranches d'âge :« la majorité des moins de 35 ans (59%) téléchargent, contre à peine une personne sur quatre âgée de 35 ans et plus », indiquent les auteurs du rapport.

« Suite à la fermeture de MegaUpload et d'autres sites du même type, continuez-vous à télécharger illégalement ? », a-t-il été ensuite demandé à ce nouvel échantillon. Ici, 48% répondent sans ambages par la négative. Parmi les 52% qui disent continuer à télécharger illégalement, 31% estiment le faire « moins qu'avant », alors que 21% indiquent ne pas avoir modifié leurs habitudes.

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48%, soit près d'un internaute sur deux ? Le chiffre parait énorme. « Il est important de noter ici que les usages en matière de téléchargement illégal régulier, que visent finalement des actions comme celle menée contre Megaupload, ne changent pas vraiment », tempère François Kraus, directeur d'études au sein de l'Ifop.

Effectivement : 86% de ceux qui confessaient télécharger illégalement de façon régulière indiquent leur intention de continuer à le faire.

Faute de Megaupload, reste à savoir vers quelle source de contenus ces adeptes du téléchargement illégal envisagent de se tourner en priorité. Parmi les différentes propositions soumises, c'est l'offre légale gratuite, incarnée par des services de type TV de rattrapage ou streaming de musique qui recueille le plus de suffrages, avec 32% des voix. L'offre légale payante sur Internet (VOD par exemple) n'attire quant à elle que 8% des sondés, contre 6% pour l'offre légale physique (CD ou DVD).

46% partent vers l'offre légale... mais 49% envisagent les alternatives illégales !

Entre ces deux typologies d'offre prennent place les alternatives illégales à Megaupload : ainsi 17% des internautes qui téléchargent indiquent leur intention de poursuivre sur d'autres services. 16% choisissent l'échange dans un cercle restreint de proches, alors que 12% le pratiqueraient à plus grande échelle via un client de type P2P (eMule ou BitTorrent).

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« Si l'on regroupe les solutions proposées en fonction de leur légalité, on observe une répartition relativement équitable entre les deux types d'alternatives : 49% des téléchargeurs illégaux vont continuer à utiliser des canaux illégaux, 46% vont opter pour une alternative légale, mais dont une part très importante pour l'offre gratuite (32%) », commentent les auteurs de l'étude.

Reste à savoir dans quelle mesure évolueront les usages si une nouvelle alternative illégale prend la place de Megaupload ? Le service fondé par Kim Dotcom avait en effet dépassé la sphère des « initiés », comme en témoignent les chiffres d'audience associés. En France, Megaupload réunissait ainsi 5,2 millions de visiteurs uniques sur le premier mois de l'année 2012, alors que le site a été placé hors ligne le 19 janvier. En décembre, près de 100 millions de vidéos étaient consommées sur son satellite Megavideo.

Gratuité, gratuité chérie

« Gratuit », tel semble être le nerf de la guerre : 70% des internautes interrogés admettent ainsi ne pas souhaiter payer dès lors qu'il est possible de trouver en ligne des contenus gratuits. Sur l'offre légale payante actuellement disponible, 85% d'entre eux souscrivent à la proposition « Les prix sont trop élevés ». Ils sont enfin respectivement 69% et 64% à déplorer une offre trop limitée, ainsi que des conditions de distribution peu satisfaisantes.

Début février, le Syndicat de l'édition vidéo numérique (SEVN) se félicitait que le marché de la vidéo à la demande payante ait enregistré une croissance de 50% sur l'année 2011, soulignant la taille toujours plus importante des catalogues en ligne, avec « 20 000 programmes dont plus de 6500 films qui sont disponibles légalement ». Il déplorait toutefois dans le même temps les méfaits liés au piratage, et se réjouissait logiquement de la fermeture de sites comme Allostreaming ou Megaupload.

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Cette étude Ifop réalisée pour Clubic révèle toutefois sans équivoque que faire exister une offre légale face au piratage ne suffit pas : encore faut-il la rendre attractive si l'on veut la vendre. Un point qu'a sans doute oublié de considérer l'Elysée lorsqu'il s'est voté, lundi suite à la remise des Oscars, des félicitations liées à « la réussite de la politique conduite par les pouvoirs publics pour conforter l'excellence de cette grande industrie française ».

Consultez ci-dessous l'étude dans son intégralité.

Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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