Sortie d'iOS 7 : des conséquences sur le réseau des réseaux ?

19 septembre 2013 à 17h55
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Avec parfois plusieurs heures de téléchargement annoncées, la mise à jour vers iOS 7, mercredi soir vers 19 heures, n'a pas été une sinécure pour tout le monde. Ampleur du phénomène, causes de cet engorgement et possibles moyens de l'éviter, retour sur un lancement... congestionné !

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À la différence du monde Android, où les mises à jour sont lancées par vagues successives et par le truchement des opérateurs pour une partie du parc client, Apple gère de A à Z la distribution des nouvelles versions d'iOS et choisit d'en faire un évènement, en annonçant une mise à disposition quasi-simultanée pour l'intégralité des utilisateurs concernés. La célébration partagée a toutefois tourné court pour bon nombre d'internautes confrontés à des délais de téléchargement annoncés allant parfois jusqu'à une dizaine d'heures.

Le phénomène n'a rien de bien nouveau : les utilisateurs d'iPhone et d'iPad savent bien que chaque mise à disposition d'une nouvelle version d'iOS se traduit par l'engorgement des serveurs qui délivrent les téléchargements. Il est d'ailleurs de courte durée, et bon nombre d'habitués attendent le milieu de la nuit ou la journée du lendemain pour procéder sans heurt à leur mise à jour.

Dès lors, pourquoi revenir sur le sujet ? La publication d'iOS 7 semble avoir entraîné une congestion nettement supérieure à celle qui est habituellement constatée. Entre autres raisons, on peut sans doute avancer la curiosité suscitée par iOS 7 (qui constitue effectivement une refonte d'envergure), ainsi que le parc grandissant d'appareils éligibles. Sur la base des chiffres communiqués par Apple (750 millions de terminaux iOS en circulation dans le monde), on peut en effet tabler sur une population de l'ordre de 400 ou 500 millions de téléphones et tablettes concernés.

Avec une mise à jour dont le poids oscille aux alentours du Go (la valeur exacte dépend du terminal et on peut selon le cas y ajouter les quelque 100 Mo d'iTunes 11.1), on comprend vite qu'une ruée vers iOS 7 va mobiliser une très, très large bande passante, avec un volume d'échange global susceptible de se mesurer en milliers de To.

Congestion chez Akamai et pics de trafic avérés

Premier témoin et première victime de l'effet iOS 7 : Akamai, le prestataire technique employé par Apple pour la distribution de ses contenus numériques (on parle de CDN, pour Content Delivery Network). Ses outils de supervision montraient mercredi soir, vers 20h, une congestion importante sur l'Europe de l'Ouest, particulièrement sensible en France et au Royaume-Uni, se traduisant par une dégradation des performances de son réseau et, donc, par une livraison ralentie des contenus. Sur le sol américain, Apple emploie également les services de Limelight, un autre CDN, chez qui des ralentissements ont aussi été notés.



Est-ce de là que découlent les lenteurs observées par les internautes ? Pour essayer de mieux mesurer l'ampleur du phénomène, il faut aller ensuite regarder les conséquences en termes de trafic chez les opérateurs et fournisseurs de service. À ce niveau, l'impact est là aussi bien réel, si l'on en croit les rapports formulés par les spécialistes. Le suisse Init7 signale par exemple une«  charge exceptionnellement élevée » sur ses équipements, « de l'ordre de 110 Gb/s supérieure à la normale ».

Sur une liste de diffusion spécialisée, des professionnels du réseau employés chez des opérateurs américains signalent eux aussi un trafic important. L'un parle d'une demande « 100 à 300% supérieure » vers les infrastructures d'Akamai, émanant principalement des lycées et universités. L'autre parle d'un trafic supérieur d'environ 20%, soit tout de même un flux de 120 Gb/s, à celui enregistré la veille à la même heure.

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A Amsterdam, le pic reste modeste (la crête centrale correspond à la journée de mercredi)

Les statistiques des points d'échange, ces lieux d'interconnexion entre les réseaux des différents opérateurs, témoignent également de pics d'activité dans la soirée de mercredi. La corrélation avec la sortie d'iOS 7 n'est pas établie, mais en l'absence d'autre évènement du même type, il parait difficile de ne pas y voir un lien. Pour autant, les capacités atteintes n'ont rien d'exceptionnel pour ces infrastructures, qui les ont d'ailleurs encaissées sans coup férir.

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À Londres en revanche, le pic est nettement plus sensible sur le point d'échange Lonap

Pour l'anecdote, on pourra s'intéresser à des réseaux de bien plus petite taille, qui ont quant à eux subi des outrages plus conséquents : plusieurs universités américaines ont en effet vu leurs équipements submergés par les requêtes liées à iOS 7. Au sein de l'université d'Athens (Ohio), l'ensemble de l'accès à Internet proposé aux étudiants a été pénalisé pendant les premières heures de disponibilité du logiciel.

Au final, quelqu'un a-t-il été pénalisé ?

Comme dans l'affaire Spamhaus, on évitera donc de conclure trop rapidement que la sortie d'iOS 7 a « saturé » ou « fait exploser » Internet. D'après les analyses conduites au travers de son radar par Cedexis, un spécialiste de l'optimisation du trafic Web, il apparaît que les seules infrastructures victimes de l'engouement pour iOS 7 sont celles des deux prestataires placés en première ligne, autrement dit les deux CDN Akamai et Limelight. Reste à savoir si leurs performances globales ont été suffisamment dégradées pour que d'autres clients qu'Apple aient été pénalisés ? En attendant, les seules victimes, si tant est qu'il faille parler de victimes, sont les internautes confrontés à une barre de téléchargement annonçant 5, 10 ou 15 heures de délai... mais peut-être l'attente participait-elle, pour eux, du plaisir ?

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Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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