De Quark au smart grid, Intel voit grand pour l'Internet des objets

23 octobre 2013 à 18h49
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À l'occasion de sa conférence annuelle dédiée à la recherche, Intel a dévoilé cette semaine sa vision de ce que sera l'Internet des objets, avec en ligne de mire l'idée , bien ancrée, selon laquelle ses puces et processeurs sauront y jouer un rôle, au niveau de chacun des maillons de la chaîne.

Intel a profité de sa conférence annuelle dédiée à la recherche et à l'innovation pour préciser ses plans et les actions déjà engagées pour positionner la firme, ses équipes et surtout ses processeurs dans la course à ce que l'on appelle l'Internet des objets. Convoquées à Nice cette semaine, les équipes des différents laboratoires de R&D européens du fondeur illustraient à l'aide de quelques projets déjà bien engagés cette vision. Intel se dit prêt à l'embrasser dans son ensemble, de l'infiniment petit avec Quark et ses futurs dérivés - des microprocesseurs miniatures susceptibles de prendre place dans les objets du quotidien, à l'infiniment grand, avec la mise en place d'infrastructures et de logiciels capables d'exploiter et d'enrichir l'intelligence ainsi créée au niveau d'une collectivité ou d'une ville.

Quark : cap sur l'infiniment petit

Cette semaine, Intel est revenu devant un parterre de chercheurs et de partenaires sur les enjeux associés à Quark, le processeur miniature dévoilé en septembre dernier, lors de son IDF. Cette puce toute en un (SoC ou system on a chip) s'est depuis enrichie d'une carte de développement conçue en partenariat avec Arduino, baptisée Galileo et vendue aux alentours de 60 dollars.

À ce stade, le fondeur refuse de communiquer précisément sur la puce et ses spécificités techniques. Tout juste obtiendra-t-on confirmation qu'il s'agit bien d'un héritage du Pentium, cadencé à 400 MHz et bien évidemment basé sur une architecture x86. Philip Moynagh, directeur de la branche processeurs embarqués chez Intel (photo ci-dessous), se montre en revanche nettement plus disert lorsqu'il s'agit d'évoquer le potentiel offert par de telles puces, miniatures et consommant suffisamment peu d'énergie pour qu'on puisse envisager de les intégrer à des objets courants qui y gagneront une forme d'intelligence, susceptible d'être transformée en valeur.

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« Grâce aux écrans, il faut de moins en moins d'énergie pour transformer une idée en prototype, puis pour en faire un marché commercial », a-t-il fait valoir mardi, en prenant l'exemple d'applications mobiles nées, lancées et ayant rencontré le succès en seulement quelques mois. Un processeur miniature comme Quark, pourquoi pas associé à une imprimante 3D pour le prototypage, devrait selon lui autoriser une rapidité similaire de création et de mise sur le marché dans l'univers des produits physiques.

« On pense que c'est le bon moment, c'est pour ça qu'on y va maintenant. On part donc de Quark et de cet environnement Arduino open source, et l'on cherche à construire un environnement par-dessus », explique encore Philip Moynagh. Face à des architectures concurrentes, Intel mettra logiquement en avant l'historique du x86 et sa compatibilité avec les environnements déjà existants mais à ce stade, Quark ne parle encore qu'aux chercheurs et développeurs. Les premiers projets d'intégration ne devraient toutefois pas traîner : on parierait sans trop de crainte un Rapsberry Pi sur des annonces formulées début janvier, à l'occasion de la conférence donnée par le nouveau CEO d'Intel en ouverture du salon CES.

Smart grid : l'infiniment grand ?

Qu'il s'agisse de Quark ou de puces concurrentes, l'invasion des processeurs miniatures conduit à envisager que notre environnement devienne source de données... or cette donnée individuelle ne vaut que si elle est enrichie de la donnée collective. C'est la logique du smart grid, ou réseau intelligent, schéma dans lequel la prolifération des capteurs connectés permet d'envisager de nouvelles méthodes de gestion des flux, qu'il s'agisse de transport, d'énergie, de santé ou d'éducation.

À Nice, quelques projets concrets illustrent les bénéfices concrets de cette approche. L'un d'eux, développé en Irlande par l'un des laboratoires d'Intel en partenariat avec les universités locales, vise par exemple à élaborer des algorithmes capables de réguler automatiquement la façon dont est distribuée le courant nécessaire à la recharge de voitures électriques. Objectif premier : éviter que ne surviennent des pics de consommation à l'heure où les gens rentrent chez eux le soir et branchent leur auto. Entre autres bénéfices connexes, ce logiciel qui sait programmer la recharge en plein milieu de la nuit sait aussi prendre en compte la tarification pratiquée, de façon à que l'utilisateur final voie au final sa facture baisser.

« Notre logiciel est déjà testé en conditions réelles, à l'échelle d'un quartier. La prochaine étape, pour nous, est de tester sa capacité à monter en puissance : les algorithmes seront-ils toujours pertinents à l'échelle d'une ville ? », explique l'un des ingénieurs en charge du projet. L'un de ses voisins présente quant à lui comment cette logique a été répliquée au niveau d'une résidence pour étudiants, avec des capteurs et des thermostats connectés dans chaque pièce, reliés en zigbee à une console centrale capable de régler le chauffage en fonction des habitudes de vie des occupants. « On peut aussi imaginer déclencher une baisse de prix temporaire du prix de l'électricité lorsque celle-ci émane de champs éoliens, et faire que la recharge se déclenche pendant que le vent souffle », reprend le premier.

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Ces projets, qui intéressent Intel au premier chef dans la mesure où ils constituent l'occasion rêvée d'écouler d'importants volumes de ses processeurs, ne peuvent être menés seul : c'est tout là tout l'objet des efforts du fondeur en matière d'implantation locale de centres de recherche et développement. Martin Curley, directeur des Intel Labs, sait quant à lui les arguments pour convaincre les éventuels récalcitrants d'abonder dans son sens. « On obtient nettement plus de résultats en montrant aux gens ce qu'ils peuvent gagner, en les motivant financièrement, qu'en les frappant de taxes ou d'amende », expliquait-il par exemple mardi en faisant allusion à la taxe carbone. Leçon finale adressée à une assistance gagnée d'avance : qu'elle aille vers l'infiniment petit (le nanoscale, ou échelle du nanomètre) ou l'infiniment grand (l'exascale qu'atteindront bientôt les supercalculateurs nécessaires au traitement de cette abondance de données), l'innovation, la vraie, ne se conçoit désormais plus seul, si important soit-on.

Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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