Ludovic Le Moan, Sigfox : "Bientôt, une plante pourra envoyer un tweet lorsqu'elle a soif"

07 novembre 2012 à 16h08
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Deux mois après avoir réalisé une levée de fonds de 10 millions d'euros, notamment grâce à l'arrivée d'Intel Capital, le p-dg de la start-up toulousaine Sigfox, Ludovic Le Moan, explique en quoi sa technologie ultra bas-débit préfigure l'avènement de l'Internet des objets.

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Ludovic Le Moan, Sigfox
Bonjour, Ludovic Le Moan. Sigfox est un opérateur de télécommunications, mais d'un genre particulier, pouvez-vous nous expliquer votre offre ?
Sigfox est basé sur un réseau de transmission à bas coût, et totalement dédié aux applications très bas-débit, notamment aux objets, dans ce qu'on appelle la communication machine-to-machine. Mais attention, nous ne concurrençons pas les opérateurs mobiles traditionnels. Les données que nous transmettons sont de très petite taille. En clair, lorsqu'un client se dote d'un modem (UNB), il communique les données via les stations de base que nous avons installé sur le territoire, celles-ci routent le message vers les serveurs pour les renvoyer ensuite vers le système d'information du client, qui peut les traiter.

Dans votre communication, vous parlez d'Internet des objets. Quels sont les exemples d'application, concrètement ?
Tout est possible ! Prenez un compteur électrique. S'il est équipé d'un modem fourni par Sigfox, et connecté à notre réseau, il va pouvoir transmettre ses relevés automatiquement au fournisseur d'électricité, sans intervention humaine. Sur le plan de la sécurité, il pourra transmettre d'éventuelles fuites s'il est relié par exemple à un compteur de gaz. Dans l'agriculture, les modems, qui sont très petits, ils font la taille du pouce, peuvent être plantés dans la terre, reliés à des capteurs d'humidité. Lorsque le capteur relève que le terrain manque d'eau, il envoie l'information, via le réseau Sigfox, au système d'arrosage, qui peut irriguer la parcelle. Cela permet de réaliser des économies en optimisant finement les usages.

Comment réussissez-vous à couvrir le territoire, et ambitionnez de vous étendre en Europe ?
En fait, nos investissements sont bien moins élevés que ceux des opérateurs mobiles. Comme nous exploitons une technologie très bas-débit, grâce à la technologie Ultra Narrow Band (UNB), qui utilise des bandes de fréquences libres. Les débits atteignent seulement les 10 bits/s à 1 kbit/s, ce qui est largement suffisant pour les données qui transitent. Les antennes couvrent des zones de 100 à 200 km, contre moins de 10 km pour les réseaux GSM. Nous pouvons couvrir tout le territoire avec mille fois moins d'antennes, et des stations de base cent fois moins chères. En tout, nous aurons mis moins de huit mois pour couvrir le territoire. Et comme elles ne consomment que très peu d'énergie, ça permet de limiter les coûts et l'empreinte écologique. Du coup, le prix de l'abonnement est modique, moins de 3 euros par an ! Toute cela serait bien trop cher avec un réseau GSM classique.

Comment procédez-vous pour développer votre réseau, et votre base clients ?
Nous, on s'occupe surtout d'installer les antennes pour couvrir l'espace avec le réseau Sigfox, sinon, toutes ces applications ne sont pas possibles. Ensuite, nous ciblons plutôt les acteurs B2B comme les assurances, l'automobile ou la grande distribution. Mais nous avons ouvert une boîte à idées sur notre site où nous recueillons plein de projets d'applications, comme la plante d'appartement qui tweet quand elle a soif, parce qu'une sonde d'humidité aura transmis l'information via le modem Sigfox. Mais pour le moment, nous nous concentrons plutôt sur les gros volumes. À terme, nous pourrons envisager un développement plus B2C avec des applications dédiées au grand public.

Vous revendiquez l'exclusivité de cette technologie ?
Nous sommes les premiers à avoir développé ce réseau ultra bas-débit. L'idée est venue de Christophe Fourtet, spécialiste des radiofréquences, qui a fondé Sigfox en 2009. Quant à moi, j'ai étendu la vision de marché, et le spectre des applications possibles. Nous avons bien sûr protégé cette technologie mais nous imaginons que d'autres investiront le secteur. Une société américaine s'est lancée, mais elle ne dispose pas de son réseau. Nous devons donc aller vite.

Justement, vous avez récemment reçu des fonds d'Intel Capital, c'est encourageant ?
Nous avons reçu 10 millions d'euros d'Intel mais aussi de nos actionnaires historiques qui sont Elaia Partners, Partech Ventures International et iXO Private Equity, auprès desquels nous avions déjà levé 2 millions d'euros en janvier 2011. Le fait qu'Intel se penche sur notre technologie n'est pas anodin. Car le fait de récolter des millions de données grâce à notre réseau s'inscrit clairement dans une problématique Big Data. Or, pour traiter et organiser toutes ces informations, il faut une grande puissance de calcul, c'est ce qui intéresse Intel.
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