Emploi informatique : quand les SSII font du pied aux BTS

18 septembre 2014 à 15h06
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Au-delà des grandes écoles d'ingénieurs, les entreprises du secteur informatique piochent aussi leur personnel dans les filières courtes comme les BTS. Ils y trouvent des profils « qui ont les pieds sur terre » et qu'ils peuvent prendre sous leur aile, former et faire évoluer « comme les autres ».

Comment les acteurs informatiques contribuent-ils à la montée en compétences des informaticiens en France ? C'est la question à laquelle ont été invités à répondre Capgemini, Accenture, Teradata et EMC à l'occasion de la rentrée du Club de la presse informatique B2B. Face à la pénurie de compétences, ou de « talents », comme aiment à le dire les anglo-saxons, qu'apportent les entreprises pour y remédier ?


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Les raisons menant les acteurs de l'informatique à investir dans la formation de leurs informaticiens sont multiples : mettre à jour leurs compétences, les faire évoluer vers de nouveaux métiers, les sensibiliser à de nouveaux aspects (statistiques, business) ou encore bien sûr s'assurer que la société restera innovante. Il s'agit enfin de stimuler l'intérêt des collaborateurs pour éviter qu'ils ne partent chez la concurrence.

Sensibiliser les étudiants

C'est dans cette optique que la SSII Capgemini a mis en place, très tôt (1989) son académie, utilisée pour créer du lien entre les personnes recrutées et leur transmettre les valeurs et la stratégie de l'entreprise. Des partenariats ont également été noués avec des écoles d'informatique afin d'assurer la promotion de la société auprès des futurs diplômés. Pour se charger de cette relation école-entreprise, il y a ce qu'on appelle des « campus managers ». Ils permettent également aux étudiants de se projeter dans leur futur emploi.

De son côté, Accenture accueille les étudiants dans ses locaux, lors de sessions de deux semaines. Objectif : les confronter à la réalité du métier en les intégrant à des groupes techniques. Ces formations sont assurées non pas par des formateurs externes mais bien par des collaborateurs. Yves Bernaert, directeur Technologies chez Accenture France, fait valoir qu'ils ne sont pas « déconnectés » car encore dans « leur contexte client ».

Sur un chiffre d'affaires de 28 milliards de dollars en 2013, la SSII consacre 870 millions à la formation, un investissement à la mesure de sa taille (293 000 collaborateurs). De quoi proposer des salles connectées entre elles à travers plusieurs pays afin d'accueillir ces formations. « Nous encourageons aussi le personnel à prendre des responsabilités afin qu'ils fassent carrière », ajoute Yves Bernaert. Accenture propose par ailleurs à ses équipes de pouvoir passer un diplôme du célèbre Massachusetts Institute of Technology.

Le maintien à « un niveau d'excellence technique élevé » est particulièrement recherché par Teradata, qui d'après Denis Espérandieu, directeur d'équipe Services professionnels, « vit la démission de chaque salarié comme un échec ». Teradata dispense de 20 à 40 heures de formation par an, assurée par ses équipes. Les trois quarts de ces cours sont assurés en e-learning avec un QCM à la fin de chaque cours. Une approche partagée par Capgemini dans 40% des cas, et par Accenture chez qui « cela fait partie du quotidien ».

Les écueils de la formation

Ces besoins constants en formation imposent d'adopter ce mode d'enseignement souple qu'est le e-learning, mais expose de fait l'entreprise à des problèmes de sécurité : comment s'assurer que la bonne personne est en train de remplir le QCM à distance ? Comment garantir que d'autres personnes ne profitent pas abusivement de la formation aux frais de l'entreprise ? Enfin, comment éviter des fuites des données ?

Chez Accenture, on dit disposer d'un arsenal technologique, comme la reconnaissance faciale ou une plus étonnante désactivation de l'écran dans le cas où un visage tiers est détecté. Autre vision chez Teradata qui considère cela comme « une formidable publicité » pour lui si d'autres personnes montrent un appétit ses leurs produits - les formations ne mettent cependant jamais en jeu de données sensibles. Au sujet de la fraude, Camille le Bras, directrice du recrutement chez Capgemini, s'en remet à la responsabilité de chacun.

Ces formations, vitales, posent un dernier problème : celui de leur intégration dans l'emploi du temps. Accenture forme ses collaborateurs à mieux gérer ces aspects, afin de respecter un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Normalement, tout est prévu pour qu'ils assurent leurs formations sur le temps de travail. Dans les faits, il n'est pas impossible qu'elles empiètent sur les soirées et les weekends.

Les profils universitaires appréciés

Il existe de nombreuses grandes écoles formant aux métiers de l'informatique, mais derrière, aussi nombreuses sont les entreprises à poursuivre le travail de formation. Dans le but de spécialiser des étudiants trop généralistes aux produits plus spécifiques, notamment. En cela, elles contribuent fortement à la montée en compétence des informaticiens. « Nous préférons des généralistes à la tête bien faite », lâche Yves Bernaert d'Accenture - surtout pour les compétences « traditionnelles », comme les ERP Oracle, SAP...

La SSII dit apprécier diversifier ses sources de recrutement en puisant chez les jeunes diplômés d'université, de Miage ou de BTS. Un constat partagé par Denis Espérandieu de Teradata, pour qui ces profils « ont les pieds sur terre car ils ont déjà effectué plusieurs stages et peuvent facilement monter en compétence ».

Il est d'autant préférable que l'entreprise « cueille » ces jeunes diplômés tant qu'ils ne sont pas trop spécialisés, que le marché de l'emploi informatique semble se diriger de plus en plus vers des profils polyvalents, mêlant une expertise technique et une sensibilité business. Rolland Zanzucchi, en charge des relations pédagogiques chez EMC, apprécie également qu'ils puissent savoir identifier les besoins métier.

Accenture recrute par exemple du personnel au niveau bac pro et BTS. L'une des raisons est de pallier le manque de « volume » mais l'autre, est tout simplement qu'ils « évolueront autant que d'autres profils qui ont effectué des études plus longues ». Pour tenter de les convaincre, la SSII organise des journées où des diplômés de filières courtes qui ont fait carrière témoignent, car les étudiants « ont du mal à y croire ».


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