Leboncoin : son patron nous dit ce qui change

01 mars 2016 à 16h44
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Directeur général de Leboncoin, et de l'antenne française de sa maison mère, Schibsted, Antoine Jouteau détaille les innovation et la stratégie du site de petites annonces, qui fête ses 10 ans.


Qu'avez-vous changé sur Leboncoin ?

Nous opérons depuis un an un virage important afin que les utilisateurs aient la même expérience sur tous les écrans. La première évolution visible concerne donc l'adoption du responsive design, que nous testons depuis septembre 2015 sur 3 % des visiteurs. Nous devons nous adapter aux usages. Aujourd'hui, 55 % des visiteurs utilisent leur mobile, et nous pensons qu'ils seront 66 % d'ici la fin 2016. Mais toutes les pages ne seront pas concernées, comme le dépôt d'annonces ou le compte, car c'est plus complexe en termes de navigation.

On en a profité pour relooker le logo, qui ne contient plus le « .fr » car cela ne correspondait pas au mobile. On le veut plus chaleureux et mieux adapté à la catégorie emploi, en plein essor. En parallèle, notre application évolue fortement avec l'apparition de la géolocalisation, qui est notre deuxième grand axe de développement. Le fait de pouvoir rechercher des annonces dans un rayon donné est la principale demande des usagers depuis deux ans.


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Antoine Jouteau a remplacé Olivier Aizac (le fondateur) à la tête de Leboncoin au début 2015 - Crédit : Leboncoin.


Pour en profiter, ils devront préciser l'adresse du bien - ce que l'on va inciter à faire. Sur Leboncoin, 80 % des transactions physiques à ce jour se font dans un rayon de 200 km - sauf pour les objets rares et l'immobilier. Nous allons aussi proposer une messagerie dans l'application et une plateforme pour les grands recruteurs. Dernière innovation : une régie publicitaire hyper locale pour les petits annonceurs, comme les TPE/PME.

Pourquoi Leboncoin paraissait si vieillot ?

Le design n'était pas une priorité. Les gens attendent de l'efficacité, du pragmatisme. Alors maintenant qu'on refait le site Web, autant lui donner plus d'allant (le jaune typique du site était adapté aux vieux écrans, ndlr).

Allez-vous proposer une navigation à la Tinder ?

Nous avons un prototype de navigation à la Tinder, ça semble intéressant sur mobile. Après, la difficulté, une fois que vous avez « swipé », c'est que vous ne retrouvez plus l'annonce. Or les gens aiment bien repasser sur une annonce, retourner sur le site. Cela demande une adaptation. Nous sommes en train de le prototyper.

Quels sont les chiffres clés au bout de 10 ans ?

Nous totalisons 23 millions de visiteurs uniques par mois (Médiamétrie), en hausse de 10 % en 2015 grâce au mobile, qui concentre toutes les acquisitions de visiteurs uniques - ce sont du reste le même type de visiteurs, qui ont le même panier moyen que sur desktop. Le chiffre d'affaires en 2015 a été de 179,7 millions d'euros, contre 150,7 millions en 2014, pour un EBITDA de 62 %, qui en légère baisse en raison des investissements.

Nos trois grandes sources de revenus à ce jour sont la publicité nationale et locale, les offres à destination des professionnels et la remontée d'annonces de particuliers dans le flux, que nous facturons en mode freemium. Nous employons 350 collaborateurs, mais allons en recruter une centaine en 2016 (ingénieur, marketing...)Quels sont les principaux univers représentés ?

Il y'en a deux de dominants : l'immobilier avec 10 millions de visiteurs uniques par mois, et l'automobile, qui concentre 9 millions de visiteurs (attentions, ces chiffres ne doivent pas être empilés, car une même personne peut visiter plusieurs univers). L'emploi arrive en troisième position avec 2,6 millions de visiteurs uniques.

L'emploi est l'univers en plus forte croissance, avec 225 000 annonces, dont 25 000 engrangées ces 15 derniers jours - la couverture médiatique de la refonte du site a probablement contribué à donner plus de visibilité et attiré des recruteurs. C'est moins que Pôle emploi (400 000 annonces), mais ils agrègent du contenu extérieur.

Pourquoi trouve-t-on des offres d'emploi sur Leboncoin ?

Je pense que c'est venu des candidats et des recruteurs qui utilisaient la plateforme au quotidien, et qui naturellement, ont dû se dire : pourquoi ne pas l'utiliser ? Le bouche à oreille a fonctionné et les annonces ont commencé à affluer. Évidemment, on a accompagné la tendance. Il y a trois ans, Leboncoin ne proposait aucun critère. Depuis un an et demi, la rubrique se structure. À ce jour nous proposons les critères de recherche de base. Nous allons ajouter la géolocalisation, essentielle lorsque vous cherchez un emploi près de chez vous.


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Malgré son évolution, Leboncoin se veut toujours sobre et pratique à utiliser - Crédit : Leboncoin.


Qu'allez-vous proposer aux demandeurs d'emploi ?

La fonctionnalité importante attendue dans les prochains mois est un service pour les recruteurs, afin de les aider à diffuser massivement leurs annonces. Car aujourd'hui, ils le font à la main... Ce service, payant, sera agrémenté de statistiques sur la visibilité de leurs annonces, et on réfléchit à d'autres produits sur ce segment.

Le marché de l'emploi français a 500 000 offres environ, et nous en avons la moitié. En s'ouvrant à de plus grandes entreprises, on pense en ajouter plusieurs milliers à nos 225 000 annonces actuelles. Mais ce qui nous intéresse vraiment, c'est l'efficacité : sur Leboncoin, une offre d'emploi est pourvue en 15 jours en moyenne.

Comment travaillez-vous avec les concessions auto et les agences immobilières ?

Leboncoin est perçu comme celui qui faire vibrer le téléphone des agents immobiliers... Nous sommes un apporteur de business important. L'immobilier jouit d'un modèle économique vertueux, où les annonces de particuliers cohabitent avec celles des professionnels - ces derniers représentent 75 % du million d'annonces.

Il y a des biens de toute sorte qui se vendent, même des villas et des immeubles à plusieurs millions d'euros.Pourquoi refusez-vous toujours la notation des vendeurs ?

Pour ce qui est des annonces immobilières, une majorité est proposée par des agences, qui seront faciles à retrouver, de même que pour l'automobile, où 40 % des offres sont postées par des concessionnaires. Ensuite, nous considérons que tout professionnel ou tout particulier a droit à l'erreur. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas fait une super vente un jour, car on a mal dormi, qu'on est un voleur... Donc pas de note ni de commentaire.

Plus de 80 % des ventes se font en physique, donc quoi de mieux que de rencontrer la personne pour se faire un avis ? Ces options ne sont pas demandées pour nos utilisateurs, qui veulent de la géolocalisation. Pour autant, nous nous ouvrons aux échanges entre les internautes avec l'arrivée de la messagerie au sein de l'application.

Sur les litiges, vous continuerez à rester distant ?

Les litiges sont gérés par les vendeurs et les acheteurs, ils sont responsables. Dans les cas graves, lorsque les gens portent plainte, nous sommes au courant, mais cela se règle souvent à l'amiable. Leboncoin est en amont seulement, et n'intervient pas. Sinon on changerait complètement notre rôle. À moins de lancer un service de transaction ? Mais nous ne l'envisageons pas. Cela impliquerait que nous quittions notre statut d'hébergeur.


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Luttez-vous au moins contre la contrefaçon ? Et comment ?

La contrefaçon est rarissime, mais elle existe. Notre intérêt est de n'être qu'un hébergeur, mais nous mettons quand même des moyens de contrôle lors du dépôt de l'annonce, avec des règles de diffusion à respecter et des filtres automatiques pour corréler le prix, le titre, les photos, etc. Nous comptons aussi sur les utilisateurs qui signalent des contenus abusifs. Nous dialoguons enfin avec les marques pour mieux connaître leurs produits.
Sur Leboncoin, 800 000 objets sont déposés par jour donc on a très peu de temps pour cette surveillance.


Pouvez-vous expliquer en quoi consiste l'Atelier Business ?

Il s'agit d'une nouvelle solution pour que les TPE et PME fassent de la pub sur Leboncoin, en l'achetant eux-mêmes sur le site, avec leur carte bancaire, puis la gèrent eux-mêmes. Ce nouveau format est vendu au clic et est géolocalisé, afin que les marques (restaurant, vendeur de meubles...) ciblent les internautes dans leur zone de chalandise. L'avantage pour eux est que nous avons un inventaire énorme de 9 milliards de pages vues par mois.

Leboncoin va donc récolter plus de données sur ses utilisateurs, pour la publicité ?

Pour le moment, le ciblage se fait par catégorie et par zone géographique. Petit à petit, la technologie Appnexus que nous employons permettra d'utiliser les données de Leboncoin pour améliorer la pertinence. Nous allons essayer de nous frotter à Google à notre échelle. On espère séduire des milliers de TPE/PME car on les adresse déjà avec nos forces de vente. Le but est qu'elles développent leur business et qu'elles soient vues sur Internet.

Les données des utilisateurs pour le ciblage publicitaire, on en collecte toujours un peu car ce sont des intentionnistes d'achat, mais évidemment, cela se fait dans le respect des conditions imposées par la Cnil.
Je précise que nous avons un ADN norvégien (Leboncoin est la propriété du groupe Schibsted depuis 2010, ndlr), mais nos serveurs sont situés en France, et nous payons nos impôts en France. Tous ne le font pas.Le 10 février 2016

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