Pierre Métivier, Forum SMSC : "Le NFC doit être lié à des usages"

20 novembre 2013 à 18h50
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En cours de déploiement dans plusieurs villes françaises et soutenu par les principales banques, le NFC gagne du terrain dans le paiement. Permettant bien d'autres usages, ses enjeux et ses atouts nous sont expliqués par Pierre Métivier, délégué général du Forum SMSC, rencontré lors du Salon Cartes 2013.

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Pierre Métivier, Forum SMSC
Bonjour Pierre Métivier. Pouvez-vous nous présenter le Forum SMSC et quel est son rôle ?

Le Forum des services mobiles sans contact (SMSC) est une association qui a été créée en octobre 2008 à l'initiative du ministère de l'Industrie et dont l'objet est de soutenir et de promouvoir des technologies telles que le NFC (near field communication ou communication en champ proche). Ses missions sont d'analyser et de comprendre les usages et de favoriser les synergies entre acteurs privés et publics.

Son but est également d'être une force de proposition, auprès des pouvoirs publics et des instances internationales, pour faciliter le développement de services mobiles sans contact en France, en cohérence avec les initiatives en Europe et dans le monde. Enfin le Forum veut faire émerger des projets ambitieux. L'association compte une quarantaine de membres représentatifs de l'ensemble de l'écosystème NFC.

Le Forum est financé par ses adhérents. Toujours coté financement, le plan Ville numérique NFC, doté d'un montant total de 65 millions d'euros a permis à une quinzaine de collectivités territoriales de se lancer dans le déploiement de services sans contact pour les citoyens.

Où en est le déploiement du NFC en France actuellement ? Avez-vous des chiffres sur l'année écoulée ?

On dénombre 4,5 millions de français qui possèdent un smartphone compatible NFC dans leur poche - tous ne le savent d'ailleurs pas ! Mais le NFC, ça n'est pas que sur mobile. On compte aussi 18,6 millions de cartes de paiement sans contact en circulation, soit 29% des cartes. Ces initiatives de paiement sans contact sur mobile sont menées par des banques telles que Crédit Mutuel, BNP Paribas, CIC et d'ici fin 2013, la Société Générale et la Banque Postale.

Le volume de cartes a explosé en deux ans, elles n'étaient que 3,4 millions en 2011 et 11,5 millions en 2012. Concernant les points de vente équipés en terminaux de paiement sans contact, ils sont un peu plus de 100 000 dans le pays, soit 8,5% du parc installé. C'est deux fois plus qu'en 2011 et 34 fois plus qu'il y a deux ans. Mais toutes les villes ne sont pas au même niveau d'équipement. Les plus actives sont Strasbourg, Nice, Caen ou Bordeaux.

La ville de Bordeaux a par exemple équipé des centaines d'arbres et de plantes de puces NFC afin que les amateurs de nature puissent les identifier en approchant leur smartphone, et obtenir des informations. À Strasbourg, l'adoption du sans contact dans certains horodateurs a permis de réduire le tonnage de pièces de monnaies de 50 à 40 tonnes en un an. La plupart de ces avancées se font dans le cadre de l'initiative Cityzi, qui rassemble opérateurs télécoms, banques, opérateurs de transport, commerçants et industriels.

En 2012, un ingénieur chez BT a remis en cause la sécurité du paiement NFC en pointant du doigt, pour certaines cartes, l'absence de système d'authentification et de chiffrement. Où en est-on ?

Cela fait des années que l'on règle sans contact au péage sur les autoroutes ou bien dans les parkings, et cela n'a jamais soulevé de débat particulier, car il n'y a pas eu de problèmes. Cet ingénieur expliquait qu'il est possible d'intercepter des informations sur ces cartes. Premièrement, ces informations, vous n'en ferez rien, elles seront inutiles. Deuxièmement, si vous êtes à moins de 3 centimètres de moi, je vous verrai...

Et puis comme c'est le cas avec la carte bancaire classique, votre banque vous remboursera pour tout paiement frauduleux détecté. En réalité, le problème de la sécurité du paiement sans contact est déjà réglé. Là où il reste du travail, c'est au niveau de la communication. Vous savez, si de grandes banques ont mis en circulation plus de 18 millions de ces cartes dans le pays, je pense qu'on peut leur faire confiance.

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Carte des services NFC en France.

En parallèle du NFC, PayPal et Apple ont développé Beacon et iBeacon, une technologie reposant sur le Bluetooth Low Energy (BLE) et autorisant une distance plus importante. Comment l'accueillez-vous ?

Ce sont deux technologies différentes, et qui ont donc des vocations différentes. La possibilité de pouvoir communiquer jusqu'à 50 mètres permet d'envisager des solutions de géomarketing par exemple, ce dont il n'est par exemple pas question avec le NFC, qui avec 3 centimètres de distance, a d'autres objectifs. Selon moi, Beacon n'est pas voué au paiement. Enfin, l'avantage du NFC est qu'il s'agit d'une technologie globale et universelle, appliquée dans le domaine médical, de l'électronique grand public, des services de la ville, etc.

Associé à la puissance d'un smartphone, il permet de multiples usages. La grande différence réside aussi dans le fait que Beacon suit en permanence l'usager dès lors qu'il entre dans un magasin, alors que le NFC est dans une démarche d'opt-in, où l'utilisateur, en approchant son mobile, donne sa permission. Avec Beacon, les gens doivent avoir consciences qu'ils sont suivis, ce qui ne doit pas se faire avec dix pages de CGU...

Pour que les usages du NFC se généralisent, quelles sont les barrières qu'il faudrait abattre ?

Aujourd'hui le principal frein n'est pas technique mais humain. Le NFC est au cœur d'un écosystème d'une grande complexité où sont présents de nombreux acteurs tels que les opérateurs télécoms, les banques, les systèmes de paiement, les fabricants de mobiles, les fabricants de cartes SIM, les sociétés de paiement en ligne, etc. Ça n'est pas facile de mettre tout le monde d'accord, d'autant qu'il faut répartir la valeur.

Pour trouver sa place, le sans contact ne doit pas être vendu juste pour ce qu'il est. D'ailleurs, les fabricants de smartphones l'ont bien compris, et n'en font pas encore un argument de vente. Il faut impérativement y associer des services au service des usages, comme obtenir des informations sur des produits allergènes dans un magasin. Dans un contexte d'interaction induit par l'Internet des objets, le NFC est l'interface toute trouvée.



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