Tron 2.0

02 septembre 2003 à 12h14
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Nous n'avons pas trop de mal à nous souvenir de la sortie de Tron au cinéma en 1982. A l'époque, qui ne s'est pas imaginé dans la peau de Kevin Flynn, un disque à la main, chevauchant un light cycle (les motos numériques du film). Depuis, plusieurs jeux (dont la plupart en freeware) se sont inspirés du film de Disney mais en se limitant généralement à ces fameuses courses de motos, les capacités techniques de nos machines n'étant pas vraiment à même de reproduire l'ambiance magique du film. Monolith Productions, à qui l'on doit la présence de Kate Archer (No One Lives Forever) sur nos machines, s'est attelé à cette tâche somme toute périlleuse, le nombre de fans à ne pas décevoir étant assez monstrueux...

Tron 2.0, le titre nous met déjà quelque peu sur la piste de ce qui nous attend. L'histoire se situe 20 ans après le film et Alan Bradley, le créateur du programme Tron se fait mystérieusement enlever à la suite de menaces de prise de contrôle sur sa société dont l'activité, on l'imagine assez facilement, tourne autour d'un procédé de digitalisation. Le fils d'Alan Bradley, également employé de la société, est prêt à tout pour retrouver son père (NDLR : encore un original celui-ci) et ni une, ni deux, le voici en train de trifouiller ses machines. Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'il se retrouvera digitalisé et parachuté à l'intérieur de l'ordinateur.


Textures version 0.1 beta

Les copies d'écran que vous n'avez pas manqué de visualiser tout au long du développement vous ont montrés le choix des développeurs en ce qui concerne la réalisation graphique : on est dans un ordinateur et le moins que l'on puisse dire c'est que cela se voit. Ca ressemble tout du moins à ce que l'on s'imagine être la représentation graphique de l'intérieur d'une machine. L'esprit graphique du film est clairement présent, les textures sont épurées et tranchent fort avec ce que l'on a l'habitude de trouver dans les jeux d'action PC. Le choix est ambitieux car Tron 2.0 n'est pas forcément « séduisant » aux premiers abords. Ici, aucune débauche de textures ne vient « appâter » le joueur égaré. On se dit même que les graphistes vont vite tourner en rond avec leurs murs noirs et arêtes colorées.

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Des textures dépouillées mais un résultat fidèle au film

Et puis, petit à petit, les briques s'empilent et on comprend que la richesse de Tron 2.0, outre sa fidélité à l'esprit du film, est présente au-delà d'un vulgaire empilement de textures.


Tron 2.0 = Windows Update-Like

Jet Bradley, notre avatar digitalisé, se retrouve donc parachuté au sein de la machine en étant identifié par le système central comme un intrus, un virus en somme. Tout (ou presque) de ce qui fait le quotidien d'un joueur de FPS a été transposé en son équivalent informatique. Au début sommairement équipé du fameux disque, il va falloir récupérer « upgrades », patchs, correctifs et autres mises à jour pour évoluer. Par exemple, le disque, arme de base des programmes informatiques que nous sommes, possède le fâcheux inconvénient d'être unique. Il faut donc attendre qu'il ait atteint sa cible, ou qu'il revienne par rebond, pour s'en resservir. Ce comportement est assez difficile à appréhender lorsqu'on est assailli de toutes parts et surtout habitué aux FPS où l'on tire sur tout ce qui bouge. En récupérant le « patch » qui va bien, on peut en lancer deux simultanément avec la version alpha de la mise à jour, trois avec la version beta et quatre en version gold. Chaque mise à jour possède ainsi trois stades d'évolution qui conditionnent son efficacité.

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Autre exemple de la transposition de l'univers informatique dans le jeu, les programmes anti-intrusion (les méchants) qui laissent apparaître un résidu (core dump pour les connaisseurs) lorsqu'ils sont détruits, celui-ci pouvant contenir de l'énergie ou des droits d'accès.
Des zones de stockage, représentées comme des blocs empilés, renferment elles aussi toutes sortes de données qu'il faut examiner. On y trouvera des droits d'accès, des emails (tantôt humoristiques, tantôt informatifs pour le reste de la partie), des archives vidéos qui nous aideront à mieux comprendre ce qui est arrivé au père Bradley, ou bien encore des mises à jour pour pouvoir se « patcher ». La gestion de celles-ci se fait par l'intermédiaire d'une interface s'apparentant à un disque dur sur lequel il faut copier les mises à jour. Celui-ci étant limité en capacité, il sera de bon ton de choisir les patchs en fonction des situations. Le patch « logique floue » rend par exemple les déplacements plus silencieux pour éviter de se faire remarquer par les gardes. Divers patchs de défense (tête, bras, corps, jambes) renforcent la protection de notre avatar et, côté offensif, on notera la présence d'un équivalent du fusil de sniper ou, beaucoup plus puissant, d'un zoom permanent utilisable avec le disque. Toujours pour comparer avec les armes généralement disponibles dans les FPS, un patch permet de faire exploser le disque en plein vol à la manière d'une grenade à fragmentation. Bref, les mises à jour son nombreuses et c'est avec une certaine excitation (non, non, je n'exagère pas) que l'on découvre chaque nouvelle.

Les rapprochements avec l'univers informatique se retrouvent aussi sur le fait que certaines d'entre elles soient infectées, qu'il faille parfois les recompiler pour les rendre compatibles ou bien encore qu'il soit nécessaire de Défragmenter le disque dur afin de gagner un peu de place. Bref, les « geeks » seront comblés et retrouveront bien leurs marques dans Tron 2.0. Que les fans se rassurent, la fameuse course de light cycles n'a pas été oubliée et c'est assurément une des meilleures transpositions (si ce n'est la meilleure). La représentation graphique est superbe et plusieurs bonus viennent pimenter le jeu. Augmentation de vitesse, possibilité de passer au travers d'une trace adverse, ... Ce ne sont pas des gadgets et leur utilisation à un moment crucial permet de remporter le match. On regrette par contre que les adversaires de la campagne solo réalisent des prouesses difficilement égalables par un joueur humain (changement de direction très précis à répétition par exemple). Cela en devient frustrant et il faudra basculer dans le mode multijoueur avec des partenaires humains pour réellement s'amuser.

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Les fameuses "light cycles" sont bien superbes


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Tout n'est pas parfait et Tron 2.0, malgré de nombreux points séduisants, possède aussi son lot d'imperfections. On regrettera tout d'abord une trop grande linéarité du jeu dont les niveaux se résument généralement à trouver une autorisation pour ouvrir une porte qui permet l'accès à une autre porte et ainsi de suite. A noter aussi que c'est l'aspect « bourrin » qui a été privilégié et qu'il sera difficile, même en ayant correctement choisi ses patchs de ne pas se faire remarquer pour aller désactiver des systèmes de surveillance (les gardes ayant tendance à avoir des yeux dans le dos). L'entrée dans une salle se résume donc souvent à Blaster tout le monde pour y voir clair. Signalons au passage que l'IA est correcte et que les programmes d'interception n'hésitent pas à appeler du renfort ou à s'abriter lorsque c'est nécessaire.

Au chapitre des regrets, on s'étonne aussi que le combat au disque, pourtant présent dans le tutorial ne soit utilisé que pour « mater » le boss de fin de jeu (le kernel-;-). Pourquoi ne trouve-t-on pas quelques ennemis intermédiaires sur lesquels se faire la main ? Côté durée de vie, le jeu est plutôt long pour un FPS et on tourne autour des 15h/20h avec dans chaque niveau des nouveautés qui donnent envie d'avancer.

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Du fait des choix graphiques opérés par les développeurs, Tron 2.0 se trouve être relativement léger. Sur un processeur à 2 Ghz équipé d'un vieillissante GeForce 4 Ti4200, on joue en 1024x768, tous détails à fond sans que jamais un ralentissement ne se fasse sentir. Et, bien que les textures ne soient pas extraordinaires, les effets graphiques sont nombreux et parfois superbes. L'ambiance sonore, quoi que pas forcément transcendante, colle bien au titre. Ce sont surtout les bruitages et les messages des programmes d'interception qui sont sympathiques.

Le multijoueur s'articule, lui, autour de deux thématiques : les courses de motos (light cycles) et le combat au disque. Les parties sont jouables en réseau local ou par Internet par l'intermédiaire d'un browser Gamespy intégré au jeu. Un bon nombre d'éléments sont paramétrables et le principal reproche que l'on pourra faire au mode multijoueur c'est l'absence totale de bots. Une connexion haut débit ou quelques amis seront donc indispensables pour s'y adonner.

Scan complete

Le défi n'était pas évident à relever mais Monolith Productions s'en tire très bien. L'esprit du film est bel et bien présent et, si l'on possède quelques connaissances de base en informatique, on découvre avec plaisir les transpositions des concepts du FPS à celui du monde informatique qui sert de trame à l'histoire. Ces transpositions sont d'ailleurs loin d'être purement cosmétiques puisque le concept d'upgrade vient vraiment servir le jeu. Tel joueur préfèrera utiliser le zoom permanent pendant que tel autre préfèrera le multi-disque. Au total, c'est plus d'une vingtaine d'upgrades qui est proposée.

Tout n'est pas parfait, malheureusement, et on regrettera la grande linéarité des missions, un disque qui n'est pas encore exploité au mieux de ses possibilités et le fait que les upgrades « tactiques » (déplacements silencieux, assommoir...) soient presque inutilisables à cause d'une trop grande sensibilité des ennemis qui déclenchent presque automatiquement l'alarme. Quoi qu'il en soit Tron 2.0 est une excellente surprise et, comme un bon livre, il faut un peu de temps pour rentrer dedans mais dès que tout s'est mis en place, c'est le bonheur. Assurément un jeu à découvrir.


Tron 2.0

6

Les plus

  • Belle transcription de l'esprit du film
  • Système d'upgrade séduisant
  • Courses de motos superbes

Les moins

  • Gameplay trop linéaire
  • Impossibilité de jouer "en finesse"
  • Disque pas assez exploité

Note globale8

Réalisation8

Prise en main4

Durée de vie8

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