Hearts Of Iron

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
12 février 2003 à 14h28
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"Par les créateurs d'Europa Universalis I et II" : voilà ce que l'on peut lire sur la boîte du jeu. Cette indication en apparence relativement anodine, fait d'Hearts Of Iron un jeu particulièrement attendu par les fondus de gestion / stratégie dont votre dévoué fait partie. Malgré une aridité patente, Europa Universalis avait en effet réussi à convaincre des milliers de joueurs à travers le monde grâce à une profondeur de jeu jusque là inégalée...

Jusque là car les développeurs de Paradox Entertainment n'avaient pas l'intention d'en rester là et avec Hearts Of Iron, ils se sont attaqué à plus forte partie. Il ne s'agit plus ici de simuler l'Europe de la Renaissance mais de se frotter au second conflit mondial en retraçant la destinée de n'importe quel pays du globe entre 1936 et 1945 : le moins que l'on puisse dire c'est que nos suédois préférés n'ont pas froid aux yeux !


Hearts Of Iron

Après notre "Epic" escapade le temps d'un Unreal 2, ça fait tout drôle de revenir sur un titre comme Hearts Of Iron. Loin de l'épate graphique, de l'esbroufe visuelle, Paradox Entertainement nous offre un soft au moins aussi riche mais pas de la même manière. Les nombreuses captures d'écrans publiées pendant la phase de développement ne laissaient aucun doute possible : il s'agit du digne héritier de la série Europa Universalis. Hearts Of Iron présente en effet le même cocktail de gestion / stratégie à un "détail" près : c'est de la Seconde Guerre Mondiale qu'il est question ici ! Premier constat : la Seconde Guerre Mondiale, c'est moins gros que la Renaissance... Normal me direz-vous, les quelques douze ans d'histoire (1936-1948) dépeints dans Hearts Of Iron ne peuvent se comparer aux quatre siècles d'Europa Universalis II. Sur votre disque dur la différence se fera aussi sentir puisque à peine 350 Mo seront nécessaires pour installer Hearts Of Iron.

Cette formalité accomplie, il est possible de lancer le jeu et de constater que Paradox Entertainement n'a pas vraiment fait de progrès sur les séquences vidéos ou sur les menus. Loin d'être exaltante, l'introduction laisse la place à une page d'accueil très proche de celle d'Europa Universalis sur laquelle on trouve les trois possibilités de jeu : formation, solo et multijoueurs. La partie "formation" regroupe l'ensemble des didacticiels qu'il est très vivement conseillé de suivre avant d'entamer une partie. Le jeu réussissant la prouesse d'être encore plus touffu qu'Europa Universalis et un long apprentissage sera nécessaire avant de pouvoir voler de ses propres ailes. Les six parties de ce didacticiel sont assez bien fichues, mais ne permettront tout de même pas de rendre le jeu accessible à n'importe qui. Le manuel, intégralement traduit (tout comme le jeu, saluons l'effort effectué par Nobilis le distributeur), ne suffit pas non plus et il faudra passer pas mal de temps pour assimiler tous les mécanismes.

Le jeu solo cache une mauvaise surprise puisqu'il n'offre que trois scénarios. On aurait bien aimé avoir des objectifs plus ciblés mettant au prise des nations mineures, mais il faudra se contenter de missions relativement "bateau" avec la Blitzkrieg (1939-1948), la Longue Guerre (1936-1948) et le Réveil du Géant (1941-1948)... Un peu léger ! Heureusement, à défaut d'avoir beaucoup de scénarios on se consolera avec la durée de ceux-ci. N'espérez pas faire une petite partie en quelques heures, ici on est plus proche de la longueur de la Grande Campagne d'Europa Universalis que d'un petit affrontement "warcraftien".

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Introduction moyenne, menus ternes et interface un peu moche : Hearts Of Iron ne concurrence pas Unreal 2 !


De l'importance de l'élément "temps"

Le scénario choisi, il faut encore paramétrer les quelques options de jeu (difficulté, brouillard de guerre...) et sélectionner le pays qui a votre préférence. Au passage précisons que comme c'était déjà le cas avec Europa Universalis, il est possible de choisir n'importe quel pays du monde ! Les parties ne seront cependant pas toujours intéressantes et le Bouthan, par exemple, ne vous procurera pas beaucoup de joies ! Selon le scénario quelques pays ont été pré-sélectionnés par les développeurs et c'est évidemment avec eux que le jeu sera le plus intéressant mais quelques tentatives avec des nations de "second plan", comme la France de Vichy, peuvent avoir leur charme. On regrettera par contre qu'il ne soit pas possible de faire changer d'alliance une nation majeure. C'est vrai qu'historiquement cela aurait été un peu débile, mais imaginez le "plaisir" que l'on peut avoir à se générer avant l'heure une petite Guerre Froide ?

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Mettons ces divagations de côté pour nous attaquer au gros du jeu. Une fois la partie chargée, on atterrit sur une interface qui est presque identique à celle d'Europa Universalis : le principal changement étant son basculement sur la droite de l'écran... Révolutionnaire ! On y gère l'ensemble de son petit monde et en particulier les aspects économico-diplomatiques de son pays. La guerre étant maintenant inévitable (ou carrément déjà commencée selon le scénario), il faut s'y préparer du mieux possible en construisant des fortifications, améliorant l'appareil industriel, consolidant les alliances et bien sûr mettant au point des dizaines de divisions ! Tout ceci se fait aux moyens de ressources durement produites par une population à laquelle il faudra faire bien attention. C'est en effet cette dernière qui conditionnera vos possibilités de productions mais c'est aussi bien sûr elle qui sera à l'origine de vos armées !

L'élément le plus important à prendre en compte à côté de ces indispensables ressources est le temps. C'est d'ailleurs là que Hearts Of Iron fera peur même aux gestionnaires les plus endurcis. Le jeu se passe heure par heure pendant les douze années du scénario le plus long ! Si cela n'a pas vraiment d'importance lors des périodes les plus "tranquilles" (il suffit d'accélérer le défilement), il en va bien différemment une fois les hostilités à leur paroxysme. Il faut que les mouvements de troupes soient mûrement réfléchis et surtout il ne faut pas commettre la moindre erreur dans la planification : une heure de décalage et c'est la jonction de vos forces armées qui coincent ou le bombardement qui a lieu après l'invasion blindée ! Cette importance du temps est également visible, dans une moindre mesure, avec l'aspect économique du jeu puisqu'il faudra mettre au point de nombreux convois afin d'acheminer les ressources là où elles sont utiles, ce qui est particulièrement important pour des pays maritimes comme le Royaume-Uni ou le Japon.

Enfin, la gestion aura évidemment son importance en matière scientifique et diplomatique. Les négociations avec les autres pays sont sans aucun doute la partie la plus décevante du jeu dans la mesure où elles s'avèrent très limitées. Il faut dire que le jeu se déroulant presque exclusivement en temps de guerre, il y avait moins à faire. On aurait tout de même bien aimé plus d'interactions entre les membres d'une alliance par exemple. Au contraire de l'aspect diplomatique, le côté scientifique du jeu est d'une richesse incroyable ! Les nombre de technologies accessibles est faramineux puisqu'il va des éléments les plus basiques (mortier léger), au armes les plus terrifiantes (bombe atomique) en passant par des recherches tout à fait variées (pénicilline, radiométrie...).

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Recherche scientifique, gestion de la météo, choix de généraux : pas de quoi trouver le temps long !


Ingérable et austère ?

Tout ces éléments rendent évidement Hearts Of Iron un peu confus les premières parties. On se retrouve devant une carte du monde sur laquelle on peut voir défiler les jours, faire apparaître les productions principales, la météo ou les cycles jour / nuit mais sans bien comprendre ce qu'il faut faire. Une fois que le fonctionnement de votre pays est à peu près maîtrisé et le budget enfin équilibré, c'est la Seconde Guerre Mondiale qui commence et il faut alors assimiler les mécanismes des combats, la gestion des mouvements de troupes tout en poursuivant l'effort de guerre et en soutenant l'économie de ses alliées. La carte devient de plus en plus complexe avec ces dizaines d'unités et les messages d'informations s'empilent sur l'écran sans que vous ne compreniez vraiment tout ce qui se passe.

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Voilà en gros ce que l'on ressent les premières minutes (heures ?) de jeu. Pourtant, on finit par comprendre tel ou tel mécanisme. On finit par voir comment défendre cette région, puis celle-ci pour enfin lancer avec succès sa première opération militaire. Les progrès scientifiques s'enchaînent et bientôt c'est avec une nette supériorité technologique que vous repoussez l'assaut des flottes adverses. Le jeu prend alors tout son sens, on élabore des projets à long terme, décide d'influencer de nombreux pays jusque là restés neutres et on ne décroche finalement plus que pour répondre aux douloureuses sollicitations d'un estomac décidément trop terre à terre... Après l'appel du 18 juin, il faut bien répondre au plus fréquent appel du ventre...

Finalement l'incroyable complexité du jeu se gère au fur et à mesure. Il ne faut pas avoir peur ni de l'échec, ni de "perdre du temps aux jeux vidéo" pour maîtriser son sujet mais le jeu en vaut la chandelle. Si l'impression mitigée du début de partie se trouve alors balayée, il n'en est rien de l'aspect austère que conservera toujours le jeu. On le sait depuis longtemps, les titres principalement axés sur la gestion ne sont pas beaux. Pourtant il faut bien avouer qu'on est un peu déconcerté à la vue de Hearts Of Iron. On pouvait légitimement penser qu'après Europa Universalis, les développeurs auraient tenté de soigner un peu les choses, mais il n'en est rien. A la rigueur on pourrait même dire qu'Hearts Of Iron est plus moche que son prédécesseur car nettement plus brouillon ! Les forces militaires engagées dans la Seconde Guerre Mondiale n'ont évidemment rien à voir avec celle que pouvait aligner un "LouLou l'Etat c'est lui" (Louis XIV pour les non-Desprogiens) et cela se ressent sur la carte. Dès lors que le conflit est amorcé, ce sont des dizaines de petits "pions" qui se trouvent éparpillés sur la carte qui devient très moyennement lisible pour le nouveau-venu.

L'habitué d'Age Of Imperialism ou Pax Britannica (deux jeux de plateaux doté d'un matériel... conséquent) ne sera pas démonté le moins du monde, mais pour le néophyte ce sera une autre histoire. C'est tout le problème d'Hearts Of Iron, un problème qui découle évidemment de ses qualités, mais qui le cantonnera à un public averti d'amateurs passionnés. Il faudra jouer de longues heures pour appréhender correctement les mécanismes qui gèrent le jeu, pour parvenir à bien assimiler la gestion des troupes et la mise en place d'attaques simultanées. Cette austérité, évidemment regrettable au regard des dernières productions PC, n'a pas de que défauts. Au même titre qu'Europa Universalis, elle permet en effet de se contenter d'une machine très modeste pour faire tourner le jeu. Laissez tomber votre Pentium IV 2.53 GHz et sa panoplie de barrettes mémoires, rangez votre GeForce FX : un simple Pentium II 450 et 128 Mo de mémoire feront l'affaire !

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Un Japon conquérant, qui ne manque pas de ressources et permet à l'Axe de dominer les Alliés.


Conclusion

Que dire pour résumer ce test de Hearts Of Iron si ce n'est que le jeu est plutôt laid, doté d'une interface largement perfectible et, malgré les mises à jour, encore handicapé de petits bugs parfois déconcertants. En outre et mis à part le changement de période historique, les progrès par rapport au petit frère Europa Universalis sont loin d'être évidents. Pourtant et malgré tout ces défauts, il faut bien avouer que Hearts Of Iron est un jeu rare !

Il fait partie de ces titres sur lesquels on reste scotché des heures durant, sur lesquels on revient sans cesse et qui auront le chic de mettre en péril votre vie sociale. Ce n'est toutefois pas le genre de jeu qui plaira à tout le monde. Il ne faut pas hésiter à passer du temps d'abord pour en comprendre le fonctionnement et ensuite pour en assimiler les finesses. Mais cette indispensable préparatoire passée : quel pied !


Hearts Of Iron

6

Les plus

  • Profondeur de jeu ahurissante
  • Jeu très accrocheur
  • Concept bien maîtrisé

Les moins

  • Un chouia complexe
  • Réalisation très moyenne

Note globale8

Réalisation4

Prise en main5

Durée de vie9

Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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