Bepicolombo a survolé la Terre et capturé de formidables images

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
14 avril 2020 à 17h29
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La Terre, vue par la mission BepiColombo lors de son approche le 9 avril. ©ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO
La Terre, vue par la mission BepiColombo lors de son approche le 9 avril. ©ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO

La mission BepiColombo, en route pour Mercure, a survolé la Terre ce 10 avril pour son assistance gravitationnelle. Tout s’est passé exactement comme prévu.

En chemin, le véhicule a pu tourner ses capteurs vers notre planète.

Un petit point dans le ciel sombre

Il n’était que 6h25 à Paris lorsque la mission BepiColombo a rendu une dernière visite à la Terre. Un passage fugace, quelques minutes à peine pour passer à 12 700 km au-dessus de l’hémisphère Sud avant de repartir un peu moins vite, freinée par son survol de notre planète. Les images des capteurs du module de propulsion viennent nous rappeler, en cette période de confinement, qu'il n’y a d’autre choix que de se serrer les coudes : notre planète toute entière n’est qu’un petit refuge dans une immensité sombre.

Des calculs confinés

Pour les équipes qui gèrent la sonde, et qui avaient prévu de multiples
observations de la Terre et de la Lune pour étalonner leurs instruments, ce survol avait une double signification. D’abord, après un an et demi de trajet, c’était le premier de neuf freinages avec assistance gravitationnelle prévus. Un exercice de précision, où la moindre erreur est formellement interdite. Il a fallu, entre autres, gérer les 34 minutes au cours desquelles BepiColombo est passée dans l’ombre de la Terre. C’était la première fois depuis octobre 2018 que la sonde n’était pas exposée à la lumière du Soleil !

La Terre vue à l'envers (on distingue l'Inde, la péninsule arabique et la corne de l'Afrique) vue par BepiColombo. Crédits ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO
La Terre vue à l'envers (on distingue l'Inde, la péninsule arabique et la corne de l'Afrique) vue par BepiColombo. Crédits ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO

Ensuite, ce survol faisait aussi figure de test pour les instruments
scientifiques… Et les chercheurs eux-mêmes ! Confinement oblige, le centre de contrôle à Darmstadt (Allemagne) n’accueillait que le personnel strictement nécessaire à la manœuvre.

Toute la programmation des instruments et les réceptions de données ont dû être menées en isolement, en téléconférence et à distance. Défi relevé avec succès, puisque toutes les mesures prévues ont pu avoir lieu. Il faut déjà se préparer pour les suivantes, pour le premier survol de Venus cet automne.

Après son survol, BepiColombo regarder une dernière fois le duo Terre-Lune (mais si, juste au-dessus du panneau solaire, c'est la Lune). ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO
Après son survol, BepiColombo regarder une dernière fois le duo Terre-Lune (mais si, juste au-dessus du panneau solaire, c'est la Lune). ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO

En route pour Venus… Et Mercure !

C’était, enfin, un dernier au revoir de BepiColombo à la Terre. Après plus
d’une décennie de préparation et dix-huit mois de trajet, la sonde triple de l’ESA et de la JAXA ne repassera jamais près de la Terre. Son trajet est encore long pour atteindre Mercure en décembre 2025, et les défis ne manquent pas sur le chemin. Il faut que les propulseurs ioniques fonctionnent exactement comme prévu, que les survols soient aussi précis que possible.

Aujourd’hui pourtant, toutes celles et ceux qui ont participé à la mission peuvent se réjouir en observant les images renvoyées par les caméras de « monitoring » de la sonde (installées pour vérifier avant tout le déploiement des panneaux solaires, du magnétomètre et de l’antenne principale). Comme le précise Günther Hasinger, Directeur scientifique de l’ESA, « ces selfies spatiaux nous rendent humbles, montrent notre planète, l’habitat commun que nous partageons dans l’une des périodes les plus troublées et incertaines que la plupart d’entre nous ont eu à traverser ».

Source : ESA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (5)

Droz
J’ai l’impression de voir des photos sur exposées, avec une très faible dynamique et une très faible résolution. A la foi bouchées et cramées.<br /> Bref, des photos des touts premiers essais de l’argentique.<br /> Ils n’ont vraiment pas le sens du spectacle et c’est un peu dommage, car avec du spectacle tu fait rêver le public et tu obtient facilement des thunes et donc tu fait avancer la science.<br /> J’imagine qu’il doit y avoir une explication tout à fait logique, peut-être est-ce du thermique ou une longueur d’onde spécifique à but scientifique.<br /> Mais pour un amoureux des images spatiales, c’est un peu décevant quand même.
Fulmlmetal
C’est normal, la sonde ne possède que 3 cameras « traditionelles », à basse résolution noir et blanc (1024x1024) dont le seul but est de controler visuellement les 2 panneaux solaires et l’antenne.<br /> Les autres camera sont celles destinés aux expériences autour de Mercure et sont des cam tres spécifiques à rayons X, Gamma, ultraviolet etc, mais pas dans la longueur d’onde visible à l’oeil.
ebottlaender
1920*1920 quand même ^^
ebottlaender
On s’excuse côté technique, on a des soucis à afficher les GIFS et les tweets aujourd’hui, il y en a normalement dans l’article ^^<br /> Après l’objectif n’est pas de faire une mosaïque HD de la Terre car d’une part, on en a déjà par d’autres satellites (et en temps réel) mais d’utiliser de petites caméras qui ne sont là que pour vérifier la santé de la sonde pour faire quelques selfies. Les clichés de Mercure quand la sonde sera sur place et déployée seront d’une autre qualité. Et je rappelle que la plupart des belles images par exemple de Jupiter, on les doit à une caméra rajoutée à l’arrache, dont les couleurs sont retravaillées par les internautes (JunoCam). Ca n’est pas une question de numérique ou d’argentique, simplement d’objectif de la mission.
Fulmlmetal
ebottlaender:<br /> 1920*1920 quand même ^^<br /> non, 1024x1024<br /> https://sci.esa.int/web/bepicolombo/-/60778-bepicolombo-monitoring-camera-test-image<br /> Les cam que l’ont voit sur ces clichés ont été prises par celles du MTM.
ebottlaender
Ah en effet, je me basais sur la résolution des clichés publiés dans tout leur dernier lot (y compris les photos de l’article) qui sont toutes en 1920*1920 natives.<br /> BepiColombo_s_final_glimpses_of_Earth_after_flyby.jpg1024×1024 67.5 KB<br />
ebottlaender
Incroyable ces conversions de format. Sur :<br /> https://www.esa.int/ESA_Multimedia/Images/2020/04<br /> en les téléchargeant j’obtiens des images de résolution 19201920, mais en lien elles font 10242024. On en apprend tous les jours.
Fulmlmetal
Pousser de 1024 à 1920 ça s’appelle de l’upscaling.<br /> Il n’est pas rare que les photos sur un site soient réduite et qu’elles reprennent leurs tailles une fois chargées. Maintenant je ne comprend pas l’interet de l’ESA d’avoir upscaler ces photos à 1920, peut etre pour la presse.
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