Red : le champion du cinéma numérique se met à la photo

23 juillet 2015 à 18h23
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Red investit pour de bon le marché de la photo, avec une simple mise à jour de firmware. À terme, ce mouvement pourrait avoir des répercussions sur le marché des appareils photo grand public, qui pourraient gagner en réalisme.

Sortie de nulle part il y a 10 ans seulement, la marque Red est vite devenue une référence sur les plateaux de cinéma, au point de prendre des parts de marché à des acteurs centenaires comme Arri. Elle a largement contribué à la transition vers le numérique puis à la démocratisation des tournages en 4K.

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Le spécialiste de la dynamique

Red Digital Cinema doit sa réputation à ses caméras et à ses capteurs rivalisant avec la pellicule, à laquelle le cinéma est longtemps resté fermement attaché. Par rapport à d'autres caméras, et notamment aux reflex à capteurs 24 x 36 qui ont chamboulé le secteur après l'avènement du Canon EOS 5D Mark II, les caméras Red se distinguent principalement en délivrant une dynamique encore plus importante.

La dynamique c'est l'aptitude à capter des scènes plus ou moins contrastées en une seule prise. Plus la dynamique est grande, plus un capteur enregistre du détail simultanément dans des zones sombres et des zones claires. C'est l'un des critères qualitatifs les plus importants, non seulement car une grande dynamique confère un grand réalisme, puisque l'œil humain jouit d'une très grande dynamique, mais aussi car plus la dynamique est importante, plus l'étalonneur a de marge de manœuvre en post-production pour créer l'atmosphère de son choix.

Détournées pour faire de la photo

Les caméras Red sont si qualitatives que de plus en plus de productions l'utilisent pour faire de la photo, pour des projets à gros budgets tels que des campagnes de publicité. Ils filment la scène en très haute définition, jusqu'en 6K, et extraient des images fixes des plans réalisés.

Jusqu'à présent la photo était un usage détourné. Mais Red a publié la semaine dernière une mise à jour majeure de firmware, la version 6.0, qui intronise des fonctions consacrées aux images fixes. Le commutateur M/S, pour motion et stills, prend finalement du service.

Ainsi Red investit pour de bon le marché de la photo.

Vers des répercussions indirectes sur tout le secteur ?

Néanmoins les caméras Red ne sont pas des appareils photo comme les autres. Certes, une Epic Dragon ou une Scarlet Dragon offre une dynamique de 16,5 IL, supérieure à celle de n'importe quel reflex du marché, et même supérieure à celle d'appareils photo moyen format dédiés aux studios photo. Mais elle s'en tient à une définition de 19 millions de pixels, suffisante pour la couverture d'un magazine, pas vraiment pour un 4 x 3 m.

Et c'est un détail qui a beaucoup d'importance : les caméras Red ne disposent pas d'une prise de synchronisation pour des flashs de studio. Il faut donc travailler en lumière continue, comme au cinéma, ce qui a une influence sur la sensibilité et sur l'ouverture à utiliser.

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Enfin sur le plan ergonomique, les caméras Red sont des appareils modulaires, auxquels on fixe des composants avec des supports spécifiques. Elles ne sont pas vraiment adaptées à une utilisation à mainlevée, ce qui est une contrainte supplémentaire à prendre en compte.

Quoi qu'il en soit, les caméras Red sont facturées 10 000 à 40 000 dollars, sans objectif. Et la marque n'a pas fait part d'une intention de poursuivre son élan de démocratisation au point de s'adresser un jour au grand public. Mais Red pourrait bien inciter des acteurs historiques du secteur de la photo à innover, en travaillant sur la dynamique de leurs capteurs par exemple, ce qui devrait tôt ou tard profiter au grand public. L'annonce est donc bienvenue !

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Romain Heuillard

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