Informatique quantique : un essor contrarié par la difficulté à se procurer les matériaux

18 janvier 2019 à 07h31
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L'informatique quantique intéresse de plus en plus d'entreprises, qu'il s'agisse de grands groupes ou de startups. Mais les ingénieurs qui s'y consacrent font face à une difficulté majeure : les composants nécessaires sont rares, tout comme les sociétés qui les fabriquent.

La prochaine révolution informatique sera certainement quantique. À vrai dire, il serait presque possible de parler de cette technologie au présent, si elle n'était pas freinée par ses besoins en éléments exotiques.

La difficulté d'accès aux réfrigérateurs à dilution

L'informatique quantique repose sur le qubit, analogue quantique du bit, qui représente la plus petite unité de stockage de ce domaine. Si cet élément ouvre des perspectives inédites en termes de puissance de calcul, il présente également des contraintes énormes pour sa production et son contrôle.

Ainsi, les qubits nécessitent des températures extrêmement basses pour ne pas perturber leur état quantique. C'est pourquoi les entreprises ont besoin de réfrigérateurs à dilution. Problème : ces systèmes cryogéniques complexes peuvent coûter jusqu'à 880 000 d'euros et ne seraient produits que par deux sociétés dans le monde, en Finlande et au Royaume-Uni.

De plus, ces dispositifs requièrent plusieurs gaz pour fonctionner, dont l'hélium 3, l'isotope le moins abondant de l'hélium (lui-même faisant partie des « gaz rares »). Pour la quantité nécessaire au fonctionnement de la machine, il faut donc dépenser une somme allant jusqu'à 35 000 euros. En conséquence, il faut parfois plusieurs mois, voire plus d'un an, pour se procurer un tel dispositif.

Des câbles tout aussi particuliers

Et ce n'est pas fini. Les ordinateurs quantiques ont également besoin de câbles supraconducteurs pour transmettre les signaux hyperfréquences, servant à contrôler les qubits. Ces composants, répondant à des contraintes de température spécifiques, ne seraient produits que par une seule entreprise dans le monde, située au Japon.

Pour s'affranchir de ces contraintes, certaines sociétés tentent de recourir à d'autres procédés, n'impliquant pas de températures si basses. Mais elles se heurtent alors à d'autres exigences, telles qu'une fabrication particulière du silicium, non prise en charge par les usines actuelles.

Les entreprises et startups innovant dans l'informatique quantique n'attendent donc désormais qu'une chose : que l'industrie suive le mouvement, pour pouvoir accélérer le développement de la technologie.

Source : MIT Technology Review

Bastien Contreras

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Commentaires (13)

lightness
c’est sympa de savoir que les supraconducteurs impossible à créer existent. donc avec cette nous savons désormais que nous pouvons transporter l’électricité sans perte. Effectivement qu’au japon.
TheFelin
Haha oui mais on va éviter de faire passer le jus dans les supraconducteurs de bordeaux à paris!!! Sinon la facture
toug19
? Les supra-conducteurs existent depuis belle lurette. Mais leur conditions d’utilisation sont bien trop onéreuses.
NickGTT172
Les supraconducteurs existent depuis longtemps, c’est les supraconducteurs a température ambiante qui n’existent pas.<br /> Le record de distance d’un câble supraconducteurs refroidi à l’azote liquide :<br /> Futura<br /> Record : une ville alimentée par un câble supraconducteur de 1 km de long<br /> Près de trente ans après la découverte de Bednorz et Müller, la supraconduction à température ambiante reste encore un rêve lointain. Mais les progrès sont là : le plus long câble supraconducteur...<br />
ariakas
C’est quand même dommage de devoir lire un lien vers un autre site pour comprendre de quoi on parle…<br /> Je comprend que Clubic reste un site généraliste, mais du coup, c’est un article où finalement rien n’est dit clairement
Azarcal
Pfff il est loin le ZX81 …
scouby64
“helium… lui-même faisant partie des « gaz rares »”<br /> =&gt; “Rare” dans ce cas là, n’a pas la signification de rareté comme abordé dans l’article, plutôt gaze noble. Par ailleurs, ce gaz est le deuxième élément le plus disponible dans l’univers.<br /> Mais oui, l’hélium 3 est lui peu abondant sur terre<br /> Merci Clubic pour la diversité de vos articles
obyoneone
oui mais on était au top à l’époque avec l’extension de RAM de 16Ko plus lourde que l’ordi
BetaGamma
Ou est le plan national d’investissement destiné à nous mettre en capacité à produire en France tous ces composants ?<br /> Aaah pardon, on préfère distribuer en idioties l’argent public !
sandalfo
A moins de trouver des moyens de faire de la supraconductivité à température ambiante, on aura du mal à avancer dans les ordinateurs quantiques si je comprends bien.
chatta
880 000 euros et 35 000 euros, ce n’est pas de grosses sommes pour ce type d’entreprises.
Marsupil32
Il y a quand même une entreprise française qui produit des réfrigérateurs à dilution : Cryoconcept (c’est dommage de l’oublier). Par contre il faut reconnaître qu’ils n’ont pas le même volume de production que Oxford Instruments et Bluefors, les géants anglais et finlandais.
Marsupil32
Pas forcément, on sait faire des qubits qui restent cohérents pendant plusieurs millisecondes à température ambiante (c’est à dire beaucoup plus que les qubits des ordinateurs quantiques actuels). Notamment en codant l’information avec le spin des noyaux des atomes. Mais le problème aujourd’hui c’est de manipuler ces qubits.
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