Susan LUCAS-CONWELL du FWE : « La promotion de l'entrepreneuriat au féminin passe par la formation e

08 décembre 2003 à 00h00
0
AB - Susan LUCAS-CONWELL bonjour.

SLC - Bonjour Ariane et merci de votre intérêt pour le FWE (Forum for Women Entrepreneurs) Europe.

AB - Quelle stratégie a adopté le FWE pour promouvoir l'entrepreneuriat au féminin, en particulier dans les hautes technologies et la biotechnologie ?

SLC - Créé il y a 10 ans en Californie, le FWE est la première association de femmes entrepreneurs et de prestataires de services dans les secteurs de la haute technologie et des sciences de vie.

Ses missions : Aider les femmes à bénéficier d'un accès au capital, facteur clef de succès dans les industries à forte croissance, pour créer et gérer des entreprises durables.

Nous voulons par ailleurs aider les femmes entrepreneurs à devenir de bonnes présidentes directrices générales, à travers la formation en management.

Pour bien gérer PME et grandes entreprises, il faut acquérir d'autres savoir-faire : réaliser un business plan, communiquer avec la presse, gérer ses comptes, faire du marketing, etc. Des bases, qu'une personne, ingénieur ou scientifique par exemple, peut ne pas connaître.

Il s'agit enfin, de rendre à la communauté une partie de ce que nous avons appris, et ce par le biais de programmes dans les écoles pour les filles de 9 à 16 ans.

Ces programmes ont pour but d'encourager les jeunes filles à devenir des entrepreneurs, et à reconnaître qu'elles peuvent avoir un impact positif dans leur famille, dans leur quartier, à l'école, dans un business...

Nous faisons la promotion de l'entrepreneuriat au féminin à travers ces programmes et à travers l'expérience de nos membres, nos « success stories ». C'est la meilleure façon de faire passer le message, faire comprendre à toutes celles qui rêvent de sauter le pas, que c'est possible.

Le « mentoring » est aussi très important pour faire connaître et encourager les femmes à devenir entrepreneur, mais aussi à créer des entreprises d'envergure.

AB - Quel bilan faites-vous de la première conférence européenne du FWE
réunissant entrepreneurs et investisseurs à Paris le 21 novembre 2003 ?

SLC - La conférence, « Europe/USA : Financer les femmes entrepreneurs » a été un grand succès, au-delà de nos attentes. Nous avons enregistré plus d'une centaine de participants venant de dix pays, dont les Etats-Unis, et la présence d'importants investisseurs et entrepreneurs, hommes et femmes.

Par ailleurs, les participants nous ont signalé avoir eu des contacts précieux pour leurs activités. C'est l'objectif principal, car les entrepreneurs, les femmes en particulier, ont du mal à atteindre les réseaux d'investisseurs.

AB - Cette manifestation a-t-elle donné lieu à des rapprochements entre investisseurs et femmes actives dans le domaine des TIC ?

SLC - Oui, à plusieurs niveaux et sur le plan international.

AB - Pour quelles raisons les investisseurs hésitent-ils encore à engager des fonds dans des projets menés par des femmes ?

SLC - Les investisseurs reçoivent peu de dossiers proposés par des femmes, celles-ci ne disposant pas d'un accès aisé aux réseaux d'investisseurs. Il y a différentes raisons à cela : les femmes sont encore trop peu nombreuses parmi les cadres dirigeants, au niveau des conseils d'administration d'entreprises et dans les écoles d'ingénieurs.

Enfin, certains pensent également que les femmes sont très prudentes et qu'elles n'ont pas une vision à long terme, à grande échelle...

AB - L'entrepreunariat au féminin semble plus affirmé aux Etats-Unis, de
Carly FIORINA CEO d'HP, à Oprah WINFREY, à la tête de Harpo, Inc., qu'en
Europe, en France notamment. Comment expliquez-vous cette situation ?

SLC - C'est un sujet très vaste ! Aux Etats-Unis, il existe une culture de l'entrepreneuriat et de la prise de risque, pour les hommes comme pour les femmes.

En Europe, et notamment en France, nous vivons dans une forme d'étatisme, soit l'antithèse d'un esprit qui soutient, encourage et valorise l'entrepreneuriat.

L'entrepreneur fait face à des contraintes importantes à tous les niveaux, la création, le développement, la réussite, la rentabilité.

Ceci étant dit, 38% des entreprises crées aux Etats-Unis le sont par des femmes, en France le chiffre avoisine, je pense, les 20%. De plus, ces chiffres sont en forte progression, donc les signes sont positifs !

AB - Selon vous, quel rôle devraient jouer l'école, les pouvoirs publics, les entreprises, les ONG, pour soutenir le développement de l'entrepreneuriat féminin ?

SLC - Chaque structure a un rôle à jouer pour encourager, soutenir et valoriser l'entrepreneuriat. Les écoles doivent encourager les filles à suivre des filières scientifiques, à obtenir des diplômes de troisième cycle, etc. De leurs côtés, les ONG et les pouvoirs publics peuvent mettre en place des politiques de soutien financier.

AB - Les sphères de décision restent aujourd'hui encore dominées par la gent masculine. Prenons un exemple, bien que les jeunes françaises soient de plus en plus nombreuses à être admises dans des cursus scientifiques, elles sont deux fois moins représentées parmi les chercheurs au CNRS. Pensez-vous, dans ces conditions, que le 21ème siècle sera celui de la reconnaissance du « génie féminin » ?

SLC - Nous le souhaitons, tout simplement, et nous ferons de notre mieux pour participer à cette reconnaissance et surtout à la réussite du « génie féminin ! »

AB - Merci beaucoup Susan LUCAS-CONWELL pour vos observations.
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires

Haut de page

Sur le même sujet