The Westerner

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
23 février 2004 à 18h20
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Malgré le succès d'un titre comme Runaway, Focus n'a pas été suivi par beaucoup d'éditeurs dans sa tentative de réhabilitation du jeu d'aventure "point & click". LucasArts, qui ne donne pour ainsi dire plus aucune nouvelle du projet Sam & Max 2, a même décidé d'annuler Full Throttle 2. Ce faisant et en dehors de Micro Application (The Black Mirror), Focus semble bien seul, ce qui ne l'empêche tout de même pas de persévérer en nous proposant aujourd'hui les nouvelles aventures de Fenimore Fillmore.

Cela avait déjà été annoncé il y a peu, mais il n'est pas inutile de le rappeler, ces nouvelles aventures intitulées The Westerner sont distribuées avec une version remaniée du premier volet : Le Trésor Des Toltèques. Ravalement de façade et localisation française complète sont au programme de ce premier épisode sur lequel je ne m'attarderais toutefois pas. Vous et moi sommes là pour parler du petit nouveau, The Westerner, et c'est donc bien ce que je compte faire !


"Tu pues Callahan ! -J'pue p't'être, mais j'ai un gros flingue"

De la même manière qu'il n'est pas facile de parler d'une bonne comédie au cinéma sans risquer d'en dévoiler certains aspects, il n'est pas évident de parler de The Westerner. Une grande partie de la bonne humeur qui se dégage de l'aventure repose en effet sur la découverte de situations tantôt originales, tantôt grotesques que l'on se remémore ensuite comme de grands moments du jeu. Afin d'éviter ce que nos voisins anglais appellent les "spoilers" (raconter et donc gâcher l'histoire), je vais donc rester relativement laconique. Cela ne doit tout de même pas m'empêcher de vous faire partager le scénario prétexte à l'aventure et quelques petites séquences bien senties. The Westerner est donc la suite du Trésor Des Toltèques et en reprend évidemment le personnage principal, un cow-boy pas très impressionnant au nom bien improbable de Fenimore Fillmore (on n'est pas si loin de Guybrush Threepwood). La séquence d'introduction du jeu nous raconte comment cet intrépide cavalier solitaire se retrouve mêlé à une sombre histoire d'extorsion, de menaces et de pressions diverses dans une petite ville portant le nom de Starek. Starek c'est aussi le nom du plus important propriétaire terrien de la région. Un type pas très recommandable qui fait pression sur les fermiers du coin pour les obliger à faire leurs bagages.

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Véritable hommage aux films de Sergio Leone, l'introduction nous permet de faire la connaissance avec quelques uns des personnages principaux

Notre nouveau meilleur ami, Fenimore Fillmore, arrive justement à la ferme de John Bannister au moment où des hommes de main de Starek menace le pauvre fermier. La scène qui suit présente donc l'altercation qui découle de cette rencontre et, déjà, les références pleuvent. L'inévitable Matrix est de la partie, mais ce sont surtout les gros plans à la Sergio Leone qui raviront les amateurs du réalisateur italien. La musique se calque sur les compositions d'Ennio Moriconne alors que les voix françaises, plus légères, viennent apporter la petite touche humoristique nécessaire. Cette séquence est relativement courte mais pose merveilleusement l'ambiance du jeu : on est en plein Far-West mais les développeurs de Revistronic (Espagnols comme ceux à l'origine de Runaway), ont pris un malin plaisir à torpiller les canons du genre en lorgnant avec bonheur du côté de la parodie. Inutile de vous raconter la fin de la séquence d'introduction, vous l'imaginez sûrement très bien. N'écoutant que son courage, notre bon héros "décide" de s'interposer entre le fermier et les hommes de main. Après un face à face plus que tendu, il parvient et ce malgré la supériorité numérique de ses adversaires, à mettre en déroute les vilains / méchants / pas beaux signant par là-même son engagement aux côtés de la veuve et de l'orphelin (NDLR : un cow-boy d'opérette, une veuve et un orphelin ? Quelle fine équipe !).

Le reste de l'aventure est finalement assez simple dans son déroulement puisqu'après une rapide discussion tripartite entre les fermiers John Bannister, Alvin Jones et notre ténébreux héros, Fenimore Fillmore se voit confier la protection des propriétés contre l'infâme Starek. Cette protection s'articule autour de différents axes comme l'achat d'armes et de munitions, le recrutement de nouveaux membres et la mise en place de défenses plus solides que les vieilles barrières en bois vermoulu. The Westerner reprend alors le déroulement d'un "point & click" plus traditionnel comme nous avons eu l'occasion d'en voir de nombreux. Fenimore Fillmore doit résoudre différentes petites quêtes pour obtenir les objets qu'il convoite. Il doit ensuite utiliser ces derniers à bon escient pour débloquer certains passages et pouvoir ainsi remplir son objectif principal. The Westerner se démarque tout de même sur un point non négligeable en ce sens qu'il autorise souvent plusieurs solutions à un même problème. L'aventure reste globalement linéaire mais n'est pas aussi directive que celle des autres jeux du genre. Pour prendre un cas aussi simple que caractéristique, il est par exemple possible d'obtenir whisky ou un pied de biche en deux endroits différents. Cette relative liberté permet de ne pas coller complètement à la logique des développeurs pour résoudre une énigme.

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Les personnages, nombreux, sont tous plus réussis et drôles les uns que les autres !


Une aventure en "3D-rama"

N'exagérons rien et on ne peut pas vraiment parler de liberté d'action au sens où on peut l'entendre pour un jeu de rôle par exemple (Morrowind par exemple). Pour autant cette petite innovation de la part des développeurs fait plaisir à voir et montre que le genre pourtant très figé du "point & click" peut, lui aussi, se moderniser. En dehors de cette caractéristique un peu particulière, The Westerner reste fidèle aux canons du genre et respecte à la lettre les habitudes des joueurs. Impossible donc d'être perdu ou de pester contre la complexité des commandes : ici, c'est du point & click et la souris est au cœur de l'interface. Un clic gauche examine l'objet alors qu'un clic droit permet de l'utiliser ou de le prendre. On peut difficilement faire plus simple et cette prise en main express permet de se plonger immédiatement dans le jeu. Le Far-West dépeint par les Espagnols de Revistronic est alors l'occasion de découvrir des personnages pour le moins haut en couleurs. Cela va du docteur alcoolique au shérif incapable qui mélange déduction et séduction. Ces personnages sont tous très réussi et généralement très attachants. Fenimore étant souvent plus en retrait, ce sont d'ailleurs eux qui nous offrent les séquences les plus drôles du jeu. Il faut dire que les situations déjà amusantes sont rehaussées par des textes souvent très bien écrits et des doubleurs au meilleur de leur forme.

Avec Runaway, Focus nous avait déjà proposé une localisation de qualité mais ils sont peut-être allé encore plus loin avec The Westerner. Les voix ainsi utilisées sont dans l'ensemble plus célèbres que celle de Runaway et comme elles conviennent parfaitement aux personnages cela donne au jeu une dimension tout à fait spéciale. C'est par exemple Jean-Philippe Puymartin, doubleur de Tom Hanks, qui prête sa voix à Fenimore Fillmore : on jurerait voir (et entendre donc) le Woody de Toy Story ! Céline Montsarrat, qui se charge de Julia Roberts au cinéma, incarne Rhiannon et là encore le résultat est splendide. Pour parfaire le tableau, n'oublions pas Patrick Préjean en docteur porté sur la bouteille ou Benoît Allemane (Morgan Freeman) dans le rôle du vil méchant, Starek. Du côté des textes tout n'est pas toujours impeccable mais dans l'ensemble il faut bien reconnaître que la société Around the World s'est une nouvelle fois remarquablement débrouillée. Les clins d'œil cinématographiques sont évidemment légions tout au long de l'aventure et sans dévoiler quoi que ce soit on peut tout de même citer les nombreuses références aux westerns spaghetti (Le Bon, La Brute Et La Truand en tête du cortège), à Pretty Woman ou bien évidemment à l'excellent Toy Story. Ce ne sont toutefois pas les seules et, suprême hommage, les développeurs se sont même permis des références à quelques monuments du jeu d'aventure comme Secret Of The Monkey Island par exemple !

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Un style graphique qui ne plaira pas à tout le monde mais qui a l'avantage de parfaitement soutenir le scénario et son ambiance

The Westerner possède de ce fait un réel potentiel comique. Les développeurs en avaient bien sûr pleinement conscience et ont pris soin de ne pas massacrer cette formidable ambiance avec des énigmes trop tordues ou trop complexes. Le niveau de difficulté n'est jamais très élevé et s'il faudra tout de même faire marcher sa tête, on ne bloque pour ainsi dire jamais complètement. Ce niveau de difficulté relativement bas ne vient cependant pas ruiner la durée de vie car l'aventure est assez longue. Bien sûr, les habitués maintes fois vainqueur du Tentacule Pourpre, pourfendeur de la Reine de l'Epée et visiteur de la plus grosse pelote de laine du monde, n'auront sans doute aucun mal à défaire Starek. Il n'en demeure pas moins que The Westerner devrait les occuper un bon, un très bon moment, d'autant plus que la réalisation est toujours là pour soutenir "l'action". Le style graphique adopté par les concepteurs ne sera sans doute pas du goût de tous. Il me semble toutefois difficile de nier le travail réalisé par les développeurs afin de dépoussiérer un peu la classique 2D des autres "point & click". Alors bien sûr, les raccords entre les membres des personnages ne sont pas toujours impeccables, les animations sont parfois limitées et la fluidité pas exempte de défauts. Mais dans l'ensemble le résultat vient parfaitement souligner les interventions des personnages, les décors restent tout à fait dans l'esprit avec ces couleurs vives et ce trait presque caricatural qui viennent renforcer l'ambiance.


Conclusion

Runaway et maintenant The Westerner : l'Espagne, auparavant relativement méconnue en ce qui concerne les Jeux Vidéo, est train de se faire un nom dans le domaine du "point & click" ! Si Runaway nous avait enchanté, il n'avait pas réussi à convaincre tous les joueurs et certains lui reprochaient en particulier des énigmes parfois trop tordues et des personnages peu charismatiques. Une chose est d'ores et déjà certaine, ces deux reproches ne peuvent s'appliquer à The Westerner. Les rôles principaux sont tout simplement extraordinaires et il est impressionnant de voir que, comme dans les meilleurs comédies, même les personnages secondaires ont leur mot à dire.

Textes et voix sont évidemment les points les plus remarquables, mais il ne faut pas non plus oublier le scénario qui tient parfaitement la route et le graphisme qui apporte ce qu'il faut de délire pour que la sauce prenne. The Westerner est plus lourd que les autres productions "point & click", la faute à son moteur 3D plus exigeant, mais il n'en demeure pas moins léger au regard des productions actuelles (un processeur 1 GHz et 192 Mo suffisent). Il serait de toute façon fort dommage de passer à côté d'un des meilleurs jeux d'aventure de ces dernières années pour quelques considérations matérielles. Plus amusant et plus rafraîchissant que Runaway, The Westerner est peut-être un tout petit peu moins bien construit : son seul véritable défaut concerne les quelques bugs que l'on espère bien vite voir corrigés.

The Westerner

6

Les plus

  • Humour omniprésent
  • Excellence du doublage
  • Personnages très attachants
  • Aventure moins linéaire que de coutume

Les moins

  • Durée de vie encore un peu trop courte
  • ''Raccords'' 3D trop visibles
  • Quelques très légères saccades

0

Réalisation8

Prise en main10

Durée de vie6



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