Loki : Seth en forgeant...

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
13 juin 2007 à 14h45
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Après des années de vaches maigres, les amateurs de hack and slash ont, depuis quelques mois, enfin des raisons de se réjouir. Le genre connaît effectivement un renouveau que l'on doit bien sûr à des développeurs américains comme Iron Lore (Titan Quest / Immortal Throne) ou Gas Powered Games (Dungeon Siege II / Broken World), mais pas seulement. Plusieurs équipes françaises semblent également porter un intérêt tout particulier à ce genre et après le Silverfall de Monte Cristo, voici que Cyanide monte à son tour au créneau avec Loki. Pour se faire une place au soleil, le studio plus connu pour ses Cycling Manager a décidé d'employer les grands moyens et de reprendre à son compte ce que ses prédécesseurs ont de meilleur : scénario à base mythologique, rythme trépidant de l'action, génération aléatoire des niveaux et mode Internet « à la Blizzard »... Une recette gagnante ?

Seth, Dieu de la mauvaise Foi

Sur le fond, Cyanide a décidé de surfer sur la vague des mythologies, tout comme l'avait déjà fait Titan Quest. Nous avons donc droit à une sorte de pot-pourri de tout ce qu'il se fait de mieux dans le genre avec un peu d'Égypte ancienne, quelques divinités grecques, un soupçon de mythologie aztèque, le tout sur fond de Ragnarök et autre crépuscule des dieux. Pour faire simple, disons que le décidément très vilain Seth, récemment revenu à la vie, a trouvé un moyen de contacter les plus méchants dieux des autres mythologies. Plutôt que de nous laisser tranquille et d'aller se faire une bonne bouffe entre potes, les joyeux drilles ont décidé de mettre le monde à feu et à sang... Après tout, il faut bien que les héros servent à quelque chose et c'est donc à bibi que revient, une fois de plus, la lourde tâche d'envoyer toute la bande ad patres !

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Quatre personnages différents pour quatre mondes aux antipodes les uns des autres

Selon le personnage sélectionné pour mener à bien cette noble mission, le départ de la campagne solo est légèrement différent. Cyanide nous permet effectivement d'incarner au choix un guerrier nordique, une combattante grecque, un sorcier égyptien et une petite aztèque, chaman de profession. Chacun de ces personnages débute l'aventure dans son monde natal où une divinité du panthéon local tentera de lui mettre un maximum de bâtons dans les roues. D'autres dieux tels qu'Isis ou Athéna sont heureusement là pour nous guider en filant missions et pouvoirs. Ces pouvoirs forment trois arbres de compétences tout ce qu'il y a de plus classique, mais Loki se distingue tout de même dans le système de progression. S'il est toujours question de dizaines de monstres à liquider pour gagner de l'expérience, celle-ci est distribuée sur deux jauges distinctes.

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La première fait « bêtement » monter les caractéristiques du héros qui à chaque niveau obtient le droit de distribuer des points en force, dextérité, intelligence, vitalité et énergie. La seconde, plus originale, récupère 25% des points d'expérience pour faire monter son « niveau de foi ». À chacun de ces niveaux, un point est attribué à l'arbre de la divinité vénérée. Évidemment, les divinités accessibles aux Nordiques sont différentes des divinités grecques et on retiendra quelques bizarreries puisque Seth, un des méchants de l'histoire, peut être vénéré par votre sorcier égyptien ?! Mais revenons-en à nos moutons pour dire que chaque dieu permet d'accéder à des compétences diverses. Ainsi, le Thor des Nordiques est spécialisé dans les armes à deux mains tandis que Tyr privilégie le couple épée / bouclier. Chez les Égyptiens, Râ met l'accent sur les sorts de feu alors qu'Horus donne accès aux sorts de foudre.

Les compétences les plus puissantes nécessiteront bien sûr d'avoir atteint un niveau de foi particulièrement élevé vis à vis du dieu choisi, mais il est tout à fait possible de vénérer, à tour de rôle, plusieurs divinités. On peut ainsi obtenir des aptitudes chez Râ, Seth et Horus pour varier ses sorts par exemple. Notons d'ailleurs qu'il est également possible de ne vénérer aucune divinité afin de faire grimper plus rapidement les caractéristiques de base du héros. Enfin, il est important de préciser que les personnages de Loki peuvent au maximum atteindre le niveau 200, ce qui laisse une marge de manoeuvre plus que confortable pour personnaliser les aptitudes de son avatar. Cela dit, ce niveau 200 ne sera accessible qu'aux plus persévérants d'entre-nous puisqu'il faut boucler l'aventure aux trois modes de difficulté pour y avoir droit.

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Faire progresser sa foi par exemple via des offrandes est le seul moyen d'obtenir de nouveaux pouvoirs / sortilèges

Comme souvent, le jeu débute au niveau le plus simple qu'il faut terminer pour accéder au suivant et ainsi de suite jusqu'à l'acte final bonus réservé aux fous furieux capables de vaincre le mode « divin ». Compte tenu de la longueur de la campagne, on peut sans problème chiffrer la durée de vie de Loki à une centaine d'heures ce qui n'est d'ailleurs pas sans poser des problèmes. De prime abord, une telle durée de vie est tout à l'honneur de Cyanide, hélas, nombre de joueurs risquent de décrocher avant même d'avoir terminé une première fois l'aventure tant les défauts sont parfois pénibles. Au niveau gameplay rien à redire, Cyanide a fait comme Iron Lore en se basant sur Diablo II, mais alors que Titan Quest manquait de rythme, les créatures de Loki ne laissent guère de répit au joueur qui se transforme, comme au bon vieux temps, en machine à clics.

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Là encore plus inspiré qu'Iron Lore, Cyanide a également opté pour des cartes générées aléatoirement. On peut alors refaire le jeu sans avoir l'impression de reproduire les mêmes gestes au même moment. Hélas, ces deux points extrêmement positifs sont torpillés par le sentiment de monotonie / lassitude qui s'installe très rapidement. La génération aléatoire ne semble pas être vraiment maîtrisée par Cyanide qui, du coup, nous propose des cartes sans âme, sans personnalité. Au sein d'un même monde, l'enchaînement salles / couloirs est assez catastrophique et on a vite l'impression de refaire toujours les mêmes passages. Le pire étant atteint avec le monde égyptien qui ne propose pas le moindre relief, même lorsqu'il est question de visiter une pyramide. Associé à la petite taille des niveaux, ce défaut est sans doute le plus pénible.

Se méfier de Loki dort

Alors que Diablo II nous avait habitué à des cartes gigantesques et que Titan Quest faisait dans la variété avec des niveaux toujours différents, Loki est clairement en retrait. Pour ne rien arranger, ces zones sont séparées les unes des autres par des « portails » bleus pas franchement esthétiques dont le franchissement entraîne un chargement relativement long. Pire, les monstres étant incapables de franchir lesdits portails, il est tout à fait possible de foncer à travers les niveaux les moins importants pour directement atteindre le but de notre quête sans combattre la moindre bestiole... tout au plus aurons-nous pris le soin de boire quelques potions de vie ! L'un dans l'autre, ces différents aspects négatifs du jeu contribuent à rendre l'aventure moins entraînante. L'action est bel et bien présente, mais se trouve comme hachée et l'ennui peut rapidement s'installer.

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S'il est possible d'acheter / vendre / reforge des objets, Cyanide a oublié la notion d'usure

Du côté des monstres, nous l'avons dit, il y a de quoi faire. Le bestiaire particulièrement abondant du jeu se retrouve d'ailleurs en page d'accueil dans une rubrique qui permet de revoir les créatures que l'on a déjà massacrées. En fonction du monde exploré, ces créatures changent évidemment beaucoup, mais quelques bébêtes restent communes à tous les univers sans que cela ne pose de problème. Plus gênant en revanche, et c'est à rattacher au manque d'originalité dans la conception des niveaux, l'enchaînement des monstres n'est guère passionnant. La fin de chaque portion de l'aventure voit débarquer un boss souvent impressionnant, mais cela n'arrive que toutes les cinq heures de jeu. Le reste du temps, il faut se contenter de la « vermine » et là, Cyanide a manqué le coche : les boss intermédiaires ne sont pas assez nombreux et pas assez identifiables pour enthousiasmer les joueurs.

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Dans tout bon hack and slash, cet enthousiasme des joueurs n'est toutefois pas le seul fait de la conception des niveaux ou de la variété des monstres présents. Les développeurs ont toujours pu compter sur la carotte « collection d'objets » pour nous captiver. Hélas, là encore, Cyanide s'est pris les pieds dans le tapis et reste loin de Diablo II. Les monstres « lokiens » sont très avares et malgré la quantité de créatures, on ne croule pas sous les objets qui, d'ailleurs, sont souvent quelconques. Après quelques heures, notre sorcier aura accumulé une dizaine de « bâtons rudimentaires », mais bien peu d'articles intéressants et la déception donc est au rendez-vous. Déception qui se transforme en amertume lorsqu'arrive le message « l'inventaire est plein », signal d'un tri nécessaire.

Amertume car Cyanide a tenté cette fois de faire dans l'originalité et le résultat n'est guère probant. Nous avons apprécié l'idée d'une rubrique stock pour mettre des objets de côté, mais le principe de listes n'est lui pas du tout adapté. Il est d'ailleurs d'autant moins adapté que les objets dans Loki sont très proches les uns des autres. Du coup, le tri déjà long dans n'importe quel titre, prend ici des heures pour un résultat loin d'être jouissif, et ce, alors que les créateurs parlent de 500 objets uniques... sans doute réservés à l'élite des joueurs ! Comme pour compenser, Cyanide a heureusement imaginé un intéressant système de personnalisation via la forge. Pas moins de dix-sept matériaux (fer, bronze, or) permettent ainsi de reforger une arme pour la rendre plus puissante. Il est également possible de « décomposer » les objets et des Runes peuvent être attachées pour accroître leur efficacité.

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Si la réalisation est parfois très moyenne, les monstres sont souvent splendides

Particulièrement long, mais aussi passablement frustrant, le mode solo de Loki n'est qu'une partie de l'aventure et la relève est théoriquement assurée par le multijoueur. Sur le papier, Loki était en mesure de venir titiller l'illustre Diablo II et Cyanide ne semblait pas avoir oublié grand-chose : multijoueur en LAN ou via Internet, ouvert ou fermé et quatre modes de jeu pour varier les plaisirs. Hélas, c'est une fois encore la finition qui fait défaut et malgré les progrès de ces derniers jours, le mode réseau de Loki n'a pour le moment guère d'intérêt. Pour le mode fermé en principe destiné à éviter la triche, Cyanide exploite l'outil Game Center dont l'ergonomie est hélas largement inférieure à Battle.net. Du côté du mode ouvert, ce n'est pas mieux puisqu'il faut ici connaître l'IP de son partenaire, Cyanide n'ayant prévu aucune interface de connexion.

À propos de connexion et malgré les progrès observés depuis hier, il faut encore subir d'innombrables coupures qui torpillent l'intérêt de la chose. Enfin, et là nous espérons que Cyanide trouve une solution, la récupération d'objet tourne actuellement à la foire d'empoigne (ninja loot obligatoire) tant le développeur est passé à côté de son sujet. D'autres bugs viennent encore entacher les parties et nous amènent à parler de l'aspect technique des choses en commençant par la réalisation. Cyanide alterne ici le bon et le moins bon avec des monstres parfois splendides, mais des décors en retrait (le désert égyptien). La perspective adoptée convient à la perfection, mais les caméras ne sont pas parfaite et un gênant système de transparence a été choisi pour l'on puisse voir son personnage à travers les plus gros bâtiments. Enfin, terminons en évoquant l'horrible sensation de « glisse » du héros sur le sol et les ralentissements (sur un Core 2 Duo 3,4 GHz, 2 Go de mémoire, ATI X1800XT) qui semblent davantage affecter certains mondes.





Conclusion

Ambitieux, Cyanide l'était sans doute un peu trop et si la recette Loki était alléchante sur le papier, le résultat tient encore trop de la soupe à la grimace. Le développeur semble toutefois conscient des problèmes que rencontrent les premiers acheteurs : une mise à jour a d'ores et déjà été publiée et d'autres devraient suivre très prochainement. Nous testons cependant le jeu dans sa version 1.0.0.2 et le fait est que le bilan n'est pas rose pour Loki. Les choses démarraient pourtant bien et la frénésie de Diablo II, douloureusement absente de Titan Quest, semblait au rendez-vous. Il s'agit hélas du seul élément 100% réussi du jeu avec certains des monstres et le système de personnalisation des objets. Ainsi, la génération aléatoire des niveaux, pourtant un atout indiscutable de Diablo II, est ici très mal maîtrisée et ne débouche que sur des cartes de petite taille sans aucune saveur ni personnalité. La progression du héros et la durée de vie du jeu contenteront vraisemblablement les plus dingues d'entre nous, mais rend le jeu par trop monotone pour les joueurs occasionnels. Enfin, les multiples bugs, les chargements et le manque d'attrait des objets complètent le triste tableau. Autant d'éléments sur lesquels Cyanide peut très bien revenir pour nous offrir le hack and slash qu'il nous avait promis, auquel cas nous reverrons notre jugement. En attendant d'imminentes mises à jour, Loki n'est hélas pas le titre que nous espérions. À tester en démo avant de se laisser tenter.

Loki

4

Les plus

  • Des combats frénétiques
  • Des effets graphiques de toute beauté
  • Personnalisation des objets (forge)

Les moins

  • Des bugs par dizaines
  • Multi pour l'instant inexploitable
  • Conception des niveaux à revoir
  • Décors souvent très pauvres

0

Réalisation7

Prise en main7

Durée de vie9



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Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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