Silverfall : techomagie au pays de Diablo

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
28 novembre 2006 à 14h30
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Depuis la sortie de Diablo II en juin 2000 et de son extension un an plus tard, peu de développeurs ont osé s'essayer au hack and slash tant le titre a marqué le genre de son empreinte. Alors que Blizzard semble davantage préoccupé par le massivement multijoueurs, cette année quelques studios ont tenté de se démarquer. Il y a tout d'abord eu le Titan Quest d'Iron Lore qui cherchait simplement à se différencier au travers d'une ambiance plus mythologique et en attendant Loki, toujours en développement chez Cyanide, voici qu'arrive le Silverfall de Monte Cristo. Dualité nature / technologie et style graphique original sont deux des éléments sur lesquels compte l'équipe pour s'imposer, la question étant bien sûr de savoir si cela va suffire.

Quand la magie le dispute à la science

À mi-chemin entre l'heroic fantasy classique et le style steampunk un peu à la manière d'Arcanum pour les connaisseurs, Silverfall se démarque clairement des autres hack and slash par son univers. Autrefois tout entier tourné vers la magie, le monde de Nelwë vit aujourd'hui une période de transition pour le moins violente : la révolution industrielle est en cours dans de nombreuses régions, mais la population a un avis très partagé sur la question. Entre les tenants des croyances traditionnelles et les apôtres du progrès scientifique, le fossé devient chaque jour plus grand et c'est au milieu de ce « joli merdier » qu'intervient le joueur. Le conflit jusqu'alors plutôt latent éclate véritablement et la population de la ville de Silverfall est obligée de fuir la cité. C'est à ce moment là et parmi les réfugiés que notre héros sort de l'anonymat.

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Le mélange nature / technologie est l'un des gros atouts du jeu de Monte Cristo

La phase de création dudit héros est assez minimaliste avec des critères physiques (visage, peau, forme et couleur des cheveux) très peu paramétrables. Du coup, les différences entre les personnages se font sur la race (humain, elfe, gobelin, troll) et le sexe... un peu léger. Pas d'alignement à définir, ni de choix en matière de classe de personnage, Silverfall joue ici la carte de l'originalité. En ce qui concerne la classe de personnage, notion qui n'existe en fait même pas durant l'aventure, c'est le joueur qui décide comment répartir ses points. À chaque passage de niveau, nous avons droit à quatre points d'aptitude (force, agilité, constitution, intelligence) et à cinq points de compétence. Ces derniers sont à répartir sur trois arbres de progression regroupant près de 150 talents.

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L'arbre de combat regroupe les techniques de lutte au corps à corps et à distance ainsi que quelques aptitudes particulière telles que l'esquive, la parade ou la vitesse de déplacement. L'arbre de magie permet bien sûr d'avoir accès à toutes les compétences de sorcellerie : magie élémentaire ou magie d'invocation étant deux des composantes majeures. Enfin, le troisième arbre est plus original. Découpé en trois parties, il regroupe toutes les compétences raciales qui permettent de différencier un humain d'un troll notamment, mais il permet également d'accéder aux compétences liées d'un côté à la nature, de l'autre à la technologie. Alors qu'il est tout à fait possible de concevoir un guerrier / mage, impossible de verser dans ces deux forces qui, comme nous le disions en introduction, constituent l'essence même du jeu.

Cette dualité nature / technologie remplace complètement les notions de bien et de mal propres aux jeux de rôles plus classiques. Il n'est donc pas question d'alignement dans Silverfall ou, plus exactement, l'alignement du joueur dépend de son orientation naturelle ou technologique. Dans le premier cas, le héros a accès à des compétences spéciales telles que la lycanthropie alors que la technologie lui permet d'acquérir un équipement plus « moderne » comme des fusils, voire même des implants. L'appartenance au camp de la technologie ou de la nature ne se fait cependant pas sur un coup de tête. Il s'agit plutôt d'une orientation qui se dessine tout au long de l'aventure, durant les premières heures de jeu, il est d'ailleurs tout à fait possible de changer d'avis et d'opter pour l'autre camp.

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Si l'interface est minimaliste, les arbres de compétences sont on ne peut plus complets

Il est toutefois préférable de prendre une décision assez rapidement puisque comme toujours avec les hack and slash, les plus puissantes compétences sont en bout d'arbre et il vaut mieux perdre le moins de temps possible « en chemin ». Ce chemin justement se trace au fur et à mesure des missions. En début de partie, les choses progressent doucement et les objectifs sont simples : éliminer des zombies, récupérer des champignons rouges... Ensuite tout est fonction du joueur, le scénario peut aller très tranquillement si le joueur cherche à en savoir plus sur le monde qui l'entoure, discute avec les habitants des différentes villes et accepte les nombreuses quêtes annexes qu'ils proposent. En revanche, les choses peuvent s'accélérer si le joueur se focalise sur l'intrigue principale.

« Il faudrait des canons sciés pour ces affaires là ! »

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Nous touchons ici au plus gros problème du jeu : il ne semble en l'état pas à même de satisfaire ceux que l'on appelle les « hardcore gamers », ces joueurs qui ont passé des mois, voire des années sur le Battle.net de Diablo II. Si l'on ne s'intéresse pas au monde imaginé par Monte Cristo et que l'on ne prend pas le temps de discuter un minium avec ses compagnons (nous y reviendrons), Silverfall se termine en moins de vingt heures et ne semble pour le moment guère intéressant à poursuivre. Pour de nombreux joueurs, un hack and slash commence vraiment une fois l'aventure terminée une première fois avec la quête d'objets surpuissants, de sets particuliers et d'accessoires rarissimes. Dans Silverfall, cet élément semble hélas absent et il ne faut donc pas y voir un véritable successeur à Diablo II... En tout cas, pas pour le moment.

Monte Cristo semble effectivement à l'écoute des joueurs. Depuis la sortie du jeu, déjà deux mises à jour (indispensables) ont été publiées afin de corriger divers bugs plus ou moins gênants et les développeurs envisagent des solutions pour remédier au problème précédemment cité : pour le moment, il est à noter qu'il tout simplement impossible de refaire l'aventure avec le même personnage... les créatures les plus puissantes (les « boss ») disparaissant une fois pour toutes dès lors qu'elles sont vaincues ! Ce problème, majeur pour certains joueurs qui espèrent jouer plus de 100 voire 200 heures sur un hack and slash, ne doit cependant pas décourager les autres qui découvriront avec Silverfall un monde très accrocheur, un univers bien ficelé et une histoire fort sympathique.

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Certains décors sont un peu vides, mais dans l'ensemble Silverfall est esthétiquement réussi

À côté de l'opposition nature / technologie qui permet de faire évoluer son personnage de manière très différente et d'acquérir un équipement diversifié, les développeurs ont également mis l'accent sur l'aspect technique des choses. Le moteur graphique de Silverfall semble à ce sujet dérivé de celui de City Life et le résultat est pour le moins étonnant. C'est évidemment une question de goûts et le plus simple est encore de regarder nos images / vidéos, mais les concepteurs ont réussi à nous convaincre avec des personnages bien dessinés aux contours nettement mis en valeur, des animations détaillées et des environnements hauts en couleurs. On regrette tout de même que certains décors soient un peu vides ou que d'autres soient franchement sombres. Sur la fin de l'aventure, dans la crypte, les mondes souterrains ou la ruche, on ne voit d'ailleurs plus grand-chose.

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Heureusement, le joueur peut compter sur des compagnons de route pour lui venir en aide. Il ne s'agit pas ici d'un véritable groupe comme dans Dungeon Siege, mais on se sent un peu moins seul que dans Diablo II ou Titan Quest. À l'occasion de certaines missions, on peut être amené à croiser des personnages plutôt coopératifs. Guérisseur, magicien, voleur ou archer, ces derniers disposent de compétences qui leur sont propres et permettent de se décharger. Deux compagnons sont tolérés, mais on peut modifier son groupe à volonté. Il est possible de modifier l'équipement des compagnons, mais on ne peut pas agir sur leurs compétences. S'ils agissent en soutien, ils ont également une histoire qui, après un petit moment, peut devenir la source de nouvelles missions en marge du scénario principal. Enfin, il est important de préciser que ces aventuriers agissent par eux-mêmes.

Il est possible de leur donner quelques ordres élémentaires, mais en fin de compte, il faut se reposer sur l'intelligence artificielle qui se charge de leur gestion. Nous touchons là au second problème du jeu : un certain manque de finalisation. Nous avons dit que deux mises à jour étaient déjà disponibles et ce n'est pas de trop pour corriger les nombreux bugs qui entachent la partie. Même en version 1.11, Silverfall présente de multiples problèmes qui font par exemple que telle créature est en l'air, que notre soigneur baille aux corneilles ou que Danselame (un compagnon guerrier) reste coincé derrière notre héros au lieu de se battre. Plus gênant, certaines quêtes ne se valident qu'après deux ou trois essais et le retour à la ville la plus proche pour faire revenir à la vie un compagnon ne marche pas systématiquement durant la seconde moitié du jeu.

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La vue la plus rapprochée, si elle n'est pas très jouable, est impressionnante !

Nous n'avons heureusement rencontré aucun problème insoluble et même cet exemple du compagnon mort se résout facilement en se rendant dans une ville du début de partie. De plus, Monte Cristo l'a déjà montré, il est à l'écoute des joueurs, mais on aurait préféré qu'au moins certains des problèmes les plus évidents soient corrigés avant la sortie, à l'occasion d'une phase de bêta test plus rigoureuse. En l'état actuel des choses, Silverfall reste un bon hack and slash. Pourvu que l'on s'intéresse au monde de Nelwë, il propose une bonne durée de vie dans un monde original que l'on regrette d'ailleurs de ne pouvoir découvrir dans un jeu plus ouvert à la Oblivion. Attention cependant, la réalisation très agréable du jeu n'est pas un modèle de légèreté et comme pour Titan Quest, il faut viser le processeur à 2,4 / 2,6 GHz (1 Go de mémoire, carte 3D 128 Mo) pour en profiter.





Conclusion

Plus chaleureux et moins monotone que son concurrent le plus direct, Titan Quest, Silverfall dispose d'atouts indiscutables qui pourraient faire de ce second hack and slash français (souvenez-vous de Darkstone) une franche réussite. Pourraient, car il faut bien admettre que le jeu de Monte Cristo ne s'adresse pas forcément à tous les joueurs. Tout d'abord, il y a ces bugs et ces défauts évidents de finalisation, qui ne bloquent jamais le joueur mais gênent sa progression. Ensuite, il faut reconnaître que les fous furieux de Diablo II n'en auront pas pour leur argent. À moins que Monte Cristo ne trouve une solution, le jeu n'a pas la force d'addiction du titre de Blizzard : les niveaux ne sont pas générés aléatoirement (défaut que l'on retrouve sur Titan Quest), les boss ne réapparaissent pas et la quête d'objet n'est pas aussi enivrante. Pour autant, Silverfall ne devrait pas avoir de mal à convaincre toute une frange de la population. Par moments presqu'onirique, le monde de Nelwë est intéressant, l'architecture des villes singulière et de nombreuses quêtes secondaires permettent de découvrir tout cela. La prise en main évidente, le niveau de difficulté bien dosé et les pouvoirs originaux du héros sont autant d'atouts qui font de Silverfall un concurrent tout à fait acceptable à Titan Quest.

Silverfall

6

Les plus

  • Dualité nature / technologie
  • Évolution libre du personnage
  • Réalisation originale et réussie

Les moins

  • Manque certain de finalisation
  • Rejouabilité limitée, multi décevant
  • Nécessite une machine assez puissante

0

Réalisation7

Prise en main9

Durée de vie7



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Du fait d'un petit problème d'angle de vue qu'un futur patch corrigera peut-être, Silverfall n'est pas vraiment jouable en mode bi-écran : dommage, le résultat est sympathique !

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Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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