Blitzkrieg

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
30 avril 2003 à 17h30
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Un an après la sortie du Sudden Strike 2 de Fireglow, son éditeur, Focus, enfonce le clou avec un nouveau jeu de stratégie temps réel basé sur le plus grand conflit de l'histoire de l'humanité. Blitzkrieg est l'oeuvre des auteurs de Etherlords ou Silent Storm et nous vient tout droit de Russie. La Grande Guerre Patriotique comme on l'appelle encore là-bas est visiblement une importante source d'inspiration... Est-ce également une source de succès ?

Si Sudden Strike 2 avait permis aux fans de faire durer le plaisir procuré par un jeu à part dans le monde de la stratégie PC (Sudden Strike premier du nom), il faut bien admettre que ses innovations restaient relativement légères. Elément d'autant plus regrettable que les principaux reproches fait au jeu de Fireglow n'avaient pour leur part pas été modifié. Que Focus revienne aussi vite à la charge pourra en surprendre quelques uns, mais si c'est un retour « pour la bonne cause », on ne va pas s'en plaindre !


En passant par la Lorraine...

Blitzkrieg comme son nom l'indique se propose de nous faire revivre la Seconde Guerre Mondiale en commençant par... Son commencement justement ! Le jeu intègre trois campagnes complètes permettant de prendre en main trois armées différentes : les Allemands, les Soviétiques et enfin les Alliés occidentaux. Ces trois campagnes se jouent indépendamment les unes des autres et il n'est pas besoin d'en terminer certaines pour avoir droit d'entamer les autres. Elles n'ont aucun lien entre elles et les événements qui y sont dépeints n'ont pas d'influence sur les autres. Chaque campagne est divisée en « épisodes » qui sont autant de grandes étapes de la guerre. On retrouve ainsi la Campagne de Pologne, la Campagne de France ou l'Opération Barberousse par exemple. Chacune de ces étapes est bien sûr subdivisée en plusieurs missions et parmi ces missions on retrouve aussi bien des batailles « historiques » que des affrontements totalement fictifs.

Quelque soit l'armée et la campagne choisies, le déroulement d'une mission reste identique. Tout commence sur une carte représentant la région et à partir de laquelle il va falloir choisir une des missions proposées, en général deux ou trois. Ensuite, un écran récapitule la mission avec des précisions sur les objectifs à remplir, sur la résistance escomptée et sur le terrain de vos futurs exploits. Les missions « historiques » servent de trame scénaristique à chaque épisode de la guerre et il n'est pas indispensable de faire toutes les autres missions. Il serait toutefois dommage de ne pas s'y aventurer car comme nous le verrons plus tard, les victoires permettent d'obtenir de nouveaux armements et l'expérience des troupes est une composante importante du jeu.

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Quelque soit le camp choisi, la campagne simple joueur débute en 1939/40.


Des unités en pagailles

Les choix stratégiques effectués, la mission en elle-même peut commencer. On découvre alors une interface proche de Sudden Strike tout en restant nettement plus dépouillée. On apprécie d'entrée que le terrain de jeu occupe une large partie de l'écran même si cela a pour conséquence directe des icônes relativement minuscules et pas évidentes à identifier de prime abord (en particulier pour les nouveaux venus). Les unités souvent très nombreuses ne sont pas non plus très facile à reconnaître et en ce sens, Blitzkrieg reprend un peu les travers de Sudden Strike. La variété des unités n'aide d'ailleurs pas le joueur dans sa tâche de reconnaissance mais le didacticiel est suffisamment bien fait pour qu'une fois les campagnes commencées, le joueur ait déjà une certaine maîtrise. De la maîtrise il en faudra d'ailleurs beaucoup pour venir à bout des très nombreuses missions (plus de 80) que comporte le jeu. Les objectifs y sont variés et bien souvent il faudra élaborer un plan d'attaque relativement précis pour ne pas se faire laminer par les défenses adverses. Trois niveaux de difficultés sont heureusement au programme et comme les différences entre eux sont bien réelles, tous les joueurs, quelque soit leur niveau, pourront prendre du plaisir avec Blitzkrieg.

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Les plans d'attaques devront tenir compte de tout les moyens mis à votre disposition et si certains d'entre eux sont un peu simplifiés par rapport à leur usage réel, cette variété des actions possibles est bien agréable. Les traditionnelles troupes d'infanterie constituent la chair à canons de base. Relativement lentes, elles permettent de prendre les bâtiments ennemis, de s'embusquer dans des tranchées (construites par les hommes du génie) ou des bunkers, de miner le terrain pour éviter une contre-attaque de l'ennemi ou bien encore de piquer le matos adverse utilisable (DCA, canon antichar...). Pour épauler la piétaille, vous pourrez bien sûr compter sur une tripotée d'engins motorisés comme des tanks légers, moyens ou lourds (d'innombrables variantes existent pour chaque camp), des automitrailleuses, des transports divers et même quelques engins particuliers (voitures, jeep...). Ces unités ont toutes des fonctions bien particulières en rapport avec leurs caractéristiques : blindage, puissance de tir, mobilité... Blitzkrieg fourni d'ailleurs pour s'y retrouver et pour les amateurs de détails, une véritable petite encyclopédie du matériel militaire utilisé dans le jeu.

Les unités d'artillerie complètent ce tableau des forces directement utilisables par les joueurs en offrant un moyen de nettoyer toute une zone en limitant au maximum les pertes. Les puristes hurleront bien sûr au scandale mais, question pratique, les développeurs ont limité la portée des différentes pièces à simplement quelques centaines de mètres. Une commande bien agréable permet de représenter l'angle et la portée d'un canon afin d'avoir bien à l'esprit les zones accessibles. Il est possible de faire tirer l'artillerie de manière à éliminer une menace clairement identifiée ou bien de tirer sur une zone encore inexplorée afin de faire un « ménage préventif ». Une commande permet également de protéger ces unités particulièrement fragile et pourtant diablement importantes en disposant des sacs de sable à leur base.

Enfin et pour terminer ce petit tour d'horizon des unités proposées dans le jeu (plus de 200 tout de même !), il faut parler des unités un peu « spéciales » comme le tireur d'élite et les avions. Le premier est en fait un homme à tout faire. Grâce à ses facultés de camouflage il peut servir d'éclaireur. Il s'avance discrètement près des positions ennemies et les observe avec ses jumelles : l'artillerie n'a plus qu'à intervenir ! Il peut aussi se servir de son fusil et bien utilisée cette unité peut réduire considérablement une escouade adverse. Les avions ne sont quant à eux pas vraiment manipulés par les joueurs. En fait, une commande de l'interface permet de choisir un type d'avion et de l'envoyer en mission à un endroit de la carte pour une reconnaissance, un bombardement, un parachutage d'hommes ou pour l'interception de chasseurs ennemis. Il faut toutefois utiliser cette « ressource » avec parcimonie car l'adversaire y a aussi droit et qu'un certain temps est nécessaire avant de pouvoir faire un second « raid ».

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Bien savoir utiliser les différentes unités est crucial pour remporter la victoire.


Pas de gestion mais de la tactique !

La plupart des RTS (jeux de stratégie temps réel) mélange avec plus ou moins de bonheur l'aspect tactique militaire et l'aspect gestion. Si c'est le premier qui finit par décider de la victoire, c'est en grande partie le second qui la conditionne. Dans tout bon « Warcraft-like » qui se respecte, il faut en effet parvenir à engranger suffisamment de ressources pour remplacer les unités tombées en premières lignes, il faut également assurer une défense correcte de ces installations pour être en mesure de l'emporter. Sudden Strike et donc aujourd'hui Blitzkrieg, se démarquent très nettement de ce système de jeu en éliminant tout simplement l'aspect gestion. Un joueur démarre une mission solo ou une partie multijoueurs avec un certain nombre d'unités et il devra faire très attention à leur utilisation car, pour simplifier, il n'aura pas de troupes de réserves. Il n'est donc pas question de submerger son adversaire de troupes envoyées au casse-pipe et c'est un véritable plan d'action précis et complet qu'il faudra mettre en place avant de passer à l'attaque. L'information et donc les étapes de reconnaissance, jouent un rôle primordial avec Blitzkrieg : savoir où se trouvent les défenses anti-aériennes ennemies et quelles routes vont être employées pour le ravitaillement donne un avantage énorme.

Le soutien de vos troupes pendant une attaque est un élément à ne pas négliger. Le meilleur des assauts peut en effet être coupé net parce que l'intendance n'a pas suivi. Cet aspect est ce que l'on pourrait appeler la « gestion » dans Blitzkrieg sans pour autant qu'il soit comparable avec les classiques du genre. Deux types d'engins ont ici un rôle primordial : le camion de réparation et celui de ravitaillement. Le premier permet bien sûr d'entretenir les unités mécanisées afin de ne pas ralentir la progression ou bien d'offrir un support d'artillerie continu. Il permet également de poser des barbelés afin de limiter la progression ennemie. Le camion de ravitaillement est encore plus important dans la mesure où c'est lui qui distribue les munitions à toutes les unités qui en manquent. Ils permettent également de tracter certaines unités d'artillerie. Contrairement à Sudden Strike où les camions n'avaient finalement pas une si grande importance, dans Blitzkrieg ils sont indispensables.

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Un autre point à ne pas négliger est l'expérience que les troupes acquièrent au fur et à mesure des affrontements. A chaque fois qu'un ennemi est détruit les unités victorieuses récoltent de l'expérience et ces points sont plus importants si l'unité en question est considérée puissante. Une unité plus expérimentée est tout simplement plus efficace. Un char se déplacera plus rapidement et fera plus de dégâts alors qu'une pièce d'artillerie verra sa cadence de tir et sa portée augmentées. Cette gestion de l'expérience des troupes est évidemment cruciale et permet de modifier complètement l'ordre établi. Notez enfin que pendant les campagnes ces unités « expérimentés » conservent leur niveau d'une mission à l'autre. Elles agissent alors comme les « héros » de certains RTS et deviennent particulièrement puissantes. Si elles sont tuées au combat, elles « reviennent » à la mission suivante mais perdent une grosse partie de leur expérience.


Réalisation technique et interface

Aussi bon soit-il, Sudden Strike était entaché par quelques défauts d'interface et de conception qui avaient rebuté les moins patients. Nival Interactive a bien tenté de ne pas reproduire les mêmes erreurs mais quelques problèmes subsistent tout de même. L'interface occupe, comme nous le disions précédemment, une portion relativement réduite de l'écran, laissant pas mal de place aux joueurs. Hélas, nous sommes en contrepartie obligé de faire avec des icônes relativement réduites et pour avoir la moindre chance en multijoueurs il sera bien vite nécessaire de mémoriser les raccourcis clavier des différentes fonctions. De la même manière, on reprochera au jeu un certain laxisme dans la gestion du « pathfinding ». Les troupes ne se déplacent pas toujours très bien et la traversée d'un pont sera régulièrement source de maux de tête pour le joueur. Certaines unités font des détours incompréhensibles alors que d'autres (en particulier les engins motorisés) se « marchent sur les pieds ».

En règle générale, on parvient à ses fin mais on peste régulièrement contre ce système qui aurait dû être amélioré. Du fait de la taille minuscule de certaines unités, il est parfois délicat de reconnaître son sniper préféré par exemple. On s'y fait heureusement assez rapidement et la réalisation graphique dans l'ensemble de très haut niveau dépanne bien ! Là encore assez proche de Sudden Strike, Blitzkrieg adopte un mélange de 2D (pour les décors) et de 3D (pour les unités) qui fait son petit effet. Les différents paysages, hélas parfaitement fixes, sont très détaillés et l'exemple des différentes villes traversées est le plus éloquent. Ils changent complètement d'aspect selon le cadre géographique de la mission et sable, neige ou prairie sont autant de décors possibles. De leur côté les unités ne sont pas en reste et si la taille des soldats est parfois problématique, les différentes unités motorisées ou pièces d'artillerie se différencient assez clairement.

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Pas toujours parfaitement lisible, le graphisme de Blitzkrieg est globalement réussi.

Du côté de la bande son par contre il n'y a pas grand chose à signaler. Bien que le jeu soit intégralement en français, les différentes unités répondent aux ordres dans leur langue. L'effet est réussi mais les bruitages comme les musiques restent moyens. Ces dernières ne perturbent toutefois jamais la concentration du joueur et c'est bien là l'essentiel. Enfin, il nous faut terminer par les félicitations d'usage pour ces développeurs qui ne demandent pas des monstres de puissance aux joueurs. Bien sûr cela est inhérent au style même du jeu, mais il est toujours agréable de voir qu'un jeu tourne encore très bien sur un "simple" processeur à 600 MHz épaulé par 256 Mo de mémoire et une carte graphique 32 Mo..


Conclusion

Malgré sa grande ressemblance avec Sudden Strike, Blitzkrieg parvient à tirer son épingle du jeu et à dominer celui qui était jusque là considéré comme le meilleur jeu de stratégie sur la Seconde Guerre Mondiale. Que l'on parle de l'interface, du graphisme ou de l'intelligence artificielle, tout a été amélioré par rapport au jeu de Fireglow. Les amateurs peuvent y aller les yeux fermés, ils en auront pour leur argent ! La durée de vie en solo est plus que conséquente et le mode multijoueurs, qui devra toutefois faire ses preuves, a largement le potentiel pour s'imposer !

En ce qui concerne les néophytes, le bilan est plus contrasté pour la bonne et simple raison que simulation pointue et débutants font rarement bon ménage. Blitzkrieg reste loin du wargame pur et dur, mais il n'est pour autant pas au niveau de "simplicité" d'un Warcraft ou d'un Age Of Kings. D'un côté la tactique mise en place pendant les combats est plus élaborée et de l'autre c'est la disparition de l'aspect gestion qui décevra les architectes en herbe. Pour peu qu'ils aient un minimum d'intérêt pour cette période de l'histoire et que la stratégie les intéressent, ils devraient toutefois au moins essayer la démo. Le jeu reste en effet très accessible et le plaisir qu'il procure, très différent de celui d'un RTS "classique", est bien réel !


Blitzkrieg

6

Les plus

  • De nombreuses missions
  • Unités très variées
  • Contenu tactique

Les moins

  • Quelques problèmes de pathfinding

Note globale8

Réalisation6

Prise en main8

Durée de vie8

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