Live Japon : payer de sa personne avec la biométrie

15 septembre 2007 à 15h58
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Voici, comme chaque semaine un nouveau mini-reportage en direct du Japon, réalisé grâce à notre correspondante permanente sur place : Karyn. Présente dans la célèbre ville de Tokyo, Karyn nous propose donc de nous faire vivre l'actualité high tech de ce côté-ci du globe. Dépaysement garanti !

Ne pas se lester de choses inutiles ou encombrantes, concentrer le maximum de fonctions dans un minimum d'objets, réduire autant que faire se peut le nombre d'actions réellement nécessaires à l'accomplissement d'une tâche. On pourrait ainsi énumérer nombre de phrases traduisant en partie le mode de pensée des Japonais. Mine de rien, ces maximes sont souvent à l'origine d'innovations technologiques majeures, dans les secteurs de l'électronique, des télécommunications mobiles ou de la production automobile, pour ne citer que les plus emblématiques. En guise de nouvelle illustration, voici la description d'une des dernières expérimentations techniques en date qui poussent le concept du minimalisme... au maximum.

La révolution de la biométrie

Au rebut les cartes à puce, à la poubelle le porte-monnaie, aux oubliettes les mots de passe et autres codes secrets. Plus besoin de rien sinon de sa main pour faire du shopping à Tokyo. D'ici quelques mois, les Nippons pourront en effet probablement régler une partie leurs achats littéralement au doigt et à l'oeil, sans bourse délier, grâce à un dispositif associant des bases de données à des technologies d'authentification biométrique.

Depuis ce mois-ci, deux cents salariés du groupe japonais diversifié Hitachi « payent déjà de leur personne » pour tester un nouveau procédé de règlement qui ne nécessite ni carte bancaire, ni pièces, ni billets, ni rien d'autre, juste un doigt.

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Lors du passage en caisse des commerces partenaires de l'opération, les cobayes (volontaires) n'ont qu'à préciser qu'ils souhaitent voir le montant de leurs achats débité sur leur compte auprès de la société de crédit et de cartes bancaires nippone JCB. Ils sont alors invités à placer leur index au-dessus d'un lecteur qui en capte l'image du réseau vasculaire par rayon lumineux sans contact direct.

Cette technique de reconnaissance et d'authentification humaine a été créée par Hitachi. Elle est réputée plus fiable que la technologie biométrique basée sur la différenciation des empreintes digitales. La structure des vaisseaux capillaires du doigt est unique, elle ne varie pas dans le temps et, selon Hitachi, est impossible à reproduire artificiellement. Les données biométriques captées par un terminal spécifique en quelques instants sont transmises du magasin, par liaison informatique sécurisée, vers le serveur de JCB. Elles y sont comparées après décodage à celles préalablement enregistrées dans la base de données aux côtés des références bancaires du client. Comme pour un achat traditionnel payé par carte, si le client est authentifié, le montant est automatiquement débité en fin de mois sur le compte courant associé.

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En revanche, si aucun échantillon biométrique correspondant à l'image recueillie chez le commerçant n'est recensé dans les serveurs de JCB, la transaction est refusée. « C'est rapide, pratique et sûr », assure Hitachi. Cette expérimentation, la première du genre au Japon, sera étendue ensuite à tous les salariés volontaires d'Hitachi. Si de cette expérimentation se dégagent un processus technique fiable et un modèles économique viable, un lancement commercial ne tardera pas.

Horreur ! Vous l'avez pensez tellement fort qu'on l'a entendu. Et on pressent déjà que les commentaires vont pleuvoir. Libre à vous.

Sachez toutefois que les Japonais ne sont pas rétifs à ces techniques, bien au contraire. Et ce pour de multiples raisons historiques, idéologiques, culturelles et sociologiques qu'il serait trop long d'expliquer ici et maintenant. Mais ne vous inquiétez pas, l'auteur de ces lignes aura l'occasion d'y revenir, sur ce site ou ailleurs, et d'ici peu.

Le Japon déjà adepte de la biométrie

La biométrie est d'ailleurs déjà très répandue au Japon, dans les entreprises ou les hôpitaux, par exemple, pour le contrôle d'accès et les connexions aux réseaux.

Les méga-banques nippones (Mitsubishi-UFJ, Mizuo, Sumitomo...) ont également toutes mis en place des outils biométriques pour authentifier leurs clients lors des opérations de retrait ou de transfert d'argent aux distributeurs automatiques multi-services.

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Ainsi proposent-elles des cartes à puce sur lesquelles sont enregistrés les échantillons encodés correspondant à l'image des veines de la main ou du doigt de leur détenteur. Lors d'une transaction via un automate, au lieu de saisir le code de sa carte, le client place sa main ou son index au-dessus d'un capteur qui scrute la structure de ses vaisseaux capillaires, sans qu'il soit besoin de le toucher. L'authentification est réalisée localement par la carte à puce. Les informations associées à la capture de référence ne sont en effet pas stockées dans les serveurs de la banque.

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Si les banques japonaises ont opté pour la reconnaissance du réseau vasculaire du doigt de Hitachi, ou celle des veines de la main de Fujitsu, c'est donc d'abord qu'elles jugent ces procédés sûrs. L'usage croissant des moyens de paiement dématérialisés pousse les organismes financiers à fiabiliser leurs systèmes de sécurité. En ce sens les techniques de différenciation des caractéristiques humaines sont préférées aux autres dispositifs, car réputées infalsifiables, souligne Hitachi. « Il est impossible de simuler une identité, puisque les veines sont sous la peau », renchérit Fujitsu. Selon Hitachi, sa technologie présente un taux de faux rejet (rejet de la bonne personne) de 0,01%, tandis que le risque de fausse acceptation (acceptation erronée d'un autre individu) plafonne à 0,00002%. Dans le cas de la technique voisine de Fujitsu, les chiffres correspondant à ces critères de fiabilité sont respectivement de 0,01% et 0,00008%

Etant sans contact, les techniques de Hitachi et Fujitsu sont en outre beaucoup moins contraignantes que les systèmes à empreintes digitales, lesquels souffrent en plus d'une forte sensibilité aux températures. Il existe enfin au moins un troisième facteur favorisant leur adoption: comme le client ne touche pas directement le capteur, le système est perçu comme plus hygiénique ! « Pour ces raisons, ces techniques intéressent particulièrement aussi les structures hospitalières », indiquent les deux groupes japonais.

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Les clients apprécient. La preuve, les banques n'hésitent pas à vanter leurs techniques biométriques dans des spots publicitaires télévisés et à étendre l'usage à l'authentification des clients aux traditionnels guichets.

Des lieux branchés font aussi de ce genre d'innovation un argument pour appâter le chaland. Un restaurant de nouilles de Tokyo offre par exemple une ristourne aux clients qui acceptent que chacun de leur passage à la table du chef des lieux soit enregistrée dans la mémoire de ses ordinateurs. Pour ce faire, les habitués n'ont qu'à passer le doigt sur un lecteur après s'être inscrits une fois pour toutes. La prochaine étape sera l'encaissement direct du repas sur leur compte en banque.

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Le paiement biométrique viendra ainsi s'ajouter aux porte-monnaie électroniques à puce sans contact qui, intégrés dans les téléphones portables, sont déjà très utilisés au Japon, un pays où la majeure partie des encaissements sont réalisés en liquide et où les chèques n'existent tout bonnement pas pour les particuliers.

Par ailleurs, les mêmes technologies biométriques ont également fait leur apparition dans des résidences de luxe récentes ainsi bien sûr que pour les contrôles d'accès dans les entreprises ou pour la connexion à des réseaux et services informatiques. Elles seront aussi employées pour les documents administratifs.
Fujitsu a en outre annoncé cette semaine qu'il allait commercialiser en octobre deux types de souris pour ordinateur intégrant un capteur de l'image du réseau vasculaire de la paume de l'utilisateur.

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Ces souris seront d'abord proposées aux entreprises à un prix non précisé. Elles éviteront l'emploi de mots de passe et autres codes nécessaires pour lancer des applications informatiques, ouvrir des fichiers, se connecter à un réseau ou effectuer une transaction. Pour employer ce mode de sécurité, l'utilisateur devra au préalable installer sur son PC un logiciel spécifique, fourni avec chaque souris. Il lui faudra ensuite enregistrer, via cette application, une capture de l'image de la structure vasculaire de sa paume en plaçant sa main au-dessus de la souris. Par la suite, il lui suffira de positionner à nouveau sa paume au-dessus de la souris chaque fois qu'une authentification personnelle sera requise pour telle ou telle action.

Les souris biométriques de Fujitsu, les premières du monde intégrant la technologie sans contact de reconnaissance vasculaire de la main, permettront par ailleurs toutes les fonctions associées aux traditionnels modèles (déplacement, clic, sélection, etc.).

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Des téléphones portables avec reconnaissance des veines du doigt ne devraient pas tarder à faire également leur apparition qui permettront de sécuriser la consultation des données enregistrées ainsi que les achats sur sites mobiles.

Des technologies étendues à l'étranger ?

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Les industriels japonais espèrent également imposer leurs outils à l'étranger. Fujitsu vient de nouer un partenariat avec l'allemand Siemens pour promouvoir mondialement sa technique d'authentification des veines de la main "Palmsecure". Fujitsu et Siemens travaillent déjà ensemble depuis plusieurs années dans le domaine des PC. Les nouvelles solutions de sécurité qu'ils proposent combinent les programmes de contrôle d'accès de Siemens et les technologies biométriques de Fujitsu.

Hitachi a également lancé fin 2005 un vaste plan de commercialisation de ses systèmes hors de l'Archipel, le marché européen faisant naturellement partie de ses cibles. Il espère tirer de cette mondialisation un chiffre d'affaires de 100 milliards de yens (650 millions d'euros) sur les trois ans courant d'avril 2006 et mars 2009. Le groupe a installé des unités chargées de la promotion de la reconnaissance des veines du doigt dans ses filiales d'Amérique du Nord, d'Europe et de Chine.
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