Rafi Haladjian, Violet : "Nabaztag doit montrer qu'il y a une vie après le PC"

Fondateur d'Ozone et de Violet, Rafi Haladjian revient sur la genèse de Nabaztag et dévoile son successeur, Nabaztag Tag, désomrais équipé d'un capteur RFID

JB - Rafi Haladjian, bonjour. On connaissait les souris d'ordinateurs mais depuis près de deux ans, vous avez également imposé un lapin dans l'informatique. Peut-on revenir sur sa genèse ?

RH - Avec mon associé Olivier Mevel, nous avons passé des années dans l'internet, un univers qu'on pouvait toucher avec une souris d'ordinateur, mais nous étions frustrés de ne pas retrouver cette richesse de l'autre côté de l'écran. Nous nous sommes dit que le nouvel enjeu était de donner accès à cette magie à des objets du quotidien en les rendant communicants. Le Lapin nous est apparu comme une priorité :-)

JB - L'idée était également de peupler le réseau pervasif d'Ozone, votre seconde société ?

RH - Oui. Jusqu'à présent, les seuls habitants du réseau étaient les ordinateurs et les téléphones. Aujourd'hui, le lapin Nabaztag incarne cette nouvelle génération d'objets communicants.

JB - Depuis le début de sa commercialisation en juillet 2005, combien de personnes ont adopté ce lapin ?

RH - Pour le moment, Violet a vendu 70.000 Nabaztag, dont 50.000 pour le seul marché français. Un tiers de nos clients ont opté pour un service premium ce qui est très largement au-delà de nos espérances. Nous misons sur le nouveau "Nabaztag Tag" pour nous lancer sur de nouveaux marchés comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne.

JB - Pour ce Noël 2006, vous dévoilez Nabaztag Tag, un second lapin. Quelles sont les principales nouveautés ?

RH - La première vocation de Nabaztag était de montrer qu'il y a une vie après le PC mais le premier modèle en restait toutefois dépendant, pour programmer la météo ou simplement envoyer un message. Le Nabaztag Tag s'émancipe cette fois du PC grâce à sa capacité à "entendre" et "renifler".

Nous avons tout d'abord placé un microphone dans son nombril qui lui permet de faire trois choses : obéir à une commande vocale, envoyer des messages vocaux directement d'un lapin à un autre et enfin détecter une présence pour lire le message uniquement quand quelqu'un est dans la pièce.

La seconde grande nouveauté est la capacité de Nabaztag Tag à "renifler" des objets équipés d'une étiquette RFID. On peut par exemple placer une étiquette sur un trousseau de clef qui envoie un message à un proche dès qu'on rentre chez soi ou encore placer une étiquette sur une boite de petits pois qui déclencherait la lecture audio de recettes de cuisine. Nous misons beaucoup sur nos clients pour inventer les applications les plus originales.

JB - Ces nouveautés étaient réclamées par les premiers propriétaires de nabaztag ?

RH - Nos clients réclamaient surtout une extension mémoire, ce que propose désormais Nabaztag Tag et qui lui permet de jouer des fichiers audio en streaming ou de s'abonner à des podcasts. Le RFID n'était pas réclamé mais cela faisait partie des ambitions de la société.

JB - Nabaztag parle, Nabaztag entend, Nabaztag renifle. Est-ce qu'un jour, Nabaztag pourra voir ?

RH - Pour le moment, nous n'avons pas prévu de successeur au Nabaztag Tag mais d'autres objets sont prévus et ce ne seront pas des lapins. Je ne suis pas opposé au principe d'une caméra mais il faut qu'on dépasse la simple webcam, que ce genre de fonction s'inscrire vraiment dans la vision de Violet de rendre les objets communicants.

JB - En dehors d'Ozone, Nabaztag pourrait-il peupler les réseaux Wifi fournis par d'autres opérateurs ?

RH - Nous sommes en discussion avec un grand opérateur français pour ajouter de nouvelles fonctionnalités à leur box ADSL mais je ne peux pas en dire plus pour le moment.

JB - Sony a arrêté son chien Aibo mais on observe toutefois une multiplication des animaux numériques : lapin Wifi, E-dog, tyrannosaures.. l'évolution darwinienne continue ?

RH - Ces objets en forme d'animaux ont clairement une dimension émotionnelle, qui les distingue des "box". Mais je suis d'accord avec vous, tout cette ménagerie commence à bien faire :-)

JB - Rafi Haladjian, je vous remercie.