Accidents en série : un Live Japon explosif

04 avril 2009 à 00h01
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Un réfrigérateur qui s'enflamme à Wakayama, un four à micro-ondes qui fait des étincelles à Osaka, un "kotatsu" électrique (table basse chauffée par dessous) qui grille à Tokyo, un ordinateur qui explose à Kanagawa, un téléviseur qui prend feu à Myazaki, tout cela et des dizaines d'autres incidents ont été répertoriés par les autorités japonaises dans la seule semaine du 18 au 24 mars dernier. S'y ajoute le rappel d'une série de clefs USB Hewlett Packard accusées de porter un capuchon dangereux pour un enfant qui l'avalerait par accident ou encore la demande de récupération des cadres photo DreamMaker à écran à cristaux liquides (LCD) pour un problème lors du rechargement de la batterie.

Au Japon, on ne plaisante généralement pas avec les normes de sécurité concernant les produits du commerce, appareils électriques, électroniques et électroménagers en tête. D'où le recensement national des moindres pépins, qu'ils aient ou non provoqué des dégâts, et l'obligation de rappel en cas de faits du même acabit relevés à plusieurs reprises ou autre indice de fort potentiel de risques.

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Même si ici plus qu'ailleurs les autorisations de mise sur le marché de produits ne sont accordées que moyennant de tatillons contrôles de plus en plus draconiens, il est difficile de garantir que tout est sûr à 100%. Les installations hasardeuses ou un usage intempérant dans des conditions inappropriées, voire rocambolesques, peuvent aboutir à un accident et entraîner des mesures supplémentaires dont les Nippons ne sont pas avares. Les critères évoluent donc au fil du temps. Las, ils ne sont pas rétroactifs, au grand dam des pompiers. D'année en année, à mesure que les équipements vieillissent, les accidents augmentent.

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Les produits de marque nippone (ceux qui sont de loin les plus proposés et donc les plus achetés au Japon) sont généralement de bonne facture, de sorte qu'ils tombent relativement rarement en panne dans leur prime jeunesse. Ils meurent le plus souvent subitement de fatigue à un âge avancé. Ils auraient dû être à la retraite depuis longtemps, mais ici, les machines sont comme les hommes: mises à contribution jusqu'à ce que mort s'ensuive. Des engins comme des téléviseurs ou radiateurs "made in Japan" dans les années 1970 et qui ont le malheur de fonctionner toujours après trente ans de bons et loyaux services sont de véritables bombes à retardement que traquent les autorités et fabricants.

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C'est que ces bécanes, bien que chéries de leurs propriétaires qui les croient immortelles, rendront forcément l'âme un jour, emportant peut-être au passage celle de leur adorateur s'il n'y prend garde. Sanyo a par exemple toutes les peines du monde à récupérer des ventilateurs fabriqués en 1977 et 1978 que certains (mais qui?) continuent de faire tourner jour et nuit en été pour se rafraîchir, au risque de se cramer la chevelure, comme cela est déjà arrivé.

Selon l'Institut d'évaluation des technologies nippon, 7.298 accidents liés à des appareils ménagers de tout type ont été déplorés entre avril 2007 et mars 2008 (derniers chiffres disponibles à ce jour), soit un bond de 80% par rapport aux douze mois précédents. Tout incident dû à un produit et présentant un risque de se reproduire doit rapidement faire l'objet d'un rapport circonstancié auprès des autorités de la part du fabricant et d'un éventuel rappel, comme pour les automobiles et pièces associées.

"Depuis la mise en oeuvre de ces obligations, assurément la conscience du danger et la prise de responsabilité chez les fournisseurs a augmenté", se félicitent les pouvoirs publics. De fait, la forte progression des cas enregistrés en un an provient aussi du fait qu'ils sont désormais mieux connus et davantage répertoriés comme dus aux appareils, ce qui n'était pas forcément le cas les années antérieures.

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Si l'on se plonge en détail dans les rapports, on constate que 40% des cas concernent des appareils électriques, 25% des engins de chauffage, 20% des choses que l'on porte sur soi et 4% des ustensiles de cuisine ou bricolage. Le tout a fait 279 morts (dans les incendies surtout), 325 blessés graves et 1895 blessés légers.

Les produits électroniques (ordinateurs, téléviseurs récents, chaînes hi-fi) ne sont pas à l'origine d'importants accidents, mais les rappels de prévention ont tendance à se multiplier pour des risques repérés à partir de signalement de petites anomalies. Après des scandales montés en épingle par les médias sensationnalistes de cas non déclarés aux autorités concernant des chauffe-eaux, les fabricants craignent les foudres et préfèrent rappeler des produits par précaution.

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Pour minimiser les dangers à l'avenir et prévenir les accidents domestiques dus à des appareils électroménagers à bout de souffle, plusieurs nouvelles lois sont récemment entrées en vigueur.
Il y eut par exemple en 2007 la création d'un nouveau label "PSE" que tout appareil ou ustensile électrique vendu sur l'archipel doit porter. Après des protestations de fanatiques de vieux synthétiseurs et autres instruments électroniques d'antan, des assouplissements ont été apportés qui permettent d'apposer la marque PSE sur ce type de matériel moyennant un examen par un expert patenté, pour que se poursuive les ventes sur le marché de seconde ou énième main.

Avec les rappels de millions de batteries défectueuses de type lithium-ion de PC et téléphones portables dans les mois passés, le label PSE est également devenu obligatoire en 2008 pour ces accumulateurs qui doivent le recevoir indépendamment du produit avec lequel ils sont vendus. Parallèlement, 22 sociétés du secteur de l'électronique ont créé l'an passé au Japon une association afin de mieux organiser les rappels éventuels avec l'ambition d'assurer une récupération à 100% (au Japon) des exemplaires viciés.

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En effet, en dépit des efforts de chacun pour informer les consommateurs, le taux de retour est très variable et de nombreuses batteries potentiellement dangereuses sont encore dans la nature des mois après les mises en garde et demandes de retour au fabricant. L'association promet de mener des campagnes massives d'information pour remettre la main sur toutes les unités défectueuses concernées. De nouvelles réglementations sont à l'étude pour permettre aux commerçants et fabricants de conserver les coordonnées des clients de certains produits (matériels électroniques et électroménagers notamment) afin de mieux gérer les éventuels rappels.

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Ce type de mesure vient d'ailleurs d'être instauré pour les équipements présentant le taux de risque d'accident le plus élevé au bout d'un certain nombre d'années. Une nouvelle loi est ainsi entrée en vigueur ce 1er avril, texte qui impose de clairement mentionner la durée d'utilisation prévue sur les lave-vaisselle, radiateurs, chauffe-eau, téléviseurs à tube cathodique, climatiseurs, ventilateurs de salle de bain ou encore lave-linge, des appareils que les ménages ont tendance à utiliser au-delà du raisonnable. Ces équipements font pour ainsi dire partie du mobilier, on ne s'en soucie guère puisqu'ils fonctionnement encore normalement, en apparence du moins. La période préconisée par le fabricant et formellement stipulée doit être définie en fonction du risque d'accident: elle se termine dès que la probabilité de rencontrer un pépin excède un plafond préalablement déterminé.

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Les utilisateurs, conseillés par les installateurs, doivent quant à eux déclarer, au fabricant ou importateur, l'achat d'une partie de ces produits, ceux soumis à un contrôle. Ces données nominatives devront être conservées en lieu sûr et uniquement utilisées pour alerter les possesseurs en cas de rappel, pour les contrôles et lorsque la durée d'usage prescrite touche à sa fin.

Le gouvernement a lancé sur ce thème une grande campagne d'informations, organise des séminaires pour les fabricants et revendeurs, a mis en place un site internet et dépêche à la télévision des responsables d'une organisation publique chargée de la sécurité des consommateurs.
Cette offensive vise d'abord à prévenir de l'entrée en vigueur de cette loi, mais elle pourrait aussi indirectement réveiller des citoyens qui jusqu'à présent n'ont pas daigné jeté un oeil sur l'état de leurs appareils pourtant sollicités à longueur de journée.

En renouvelant leur équipement, ils feront d'une pierre trois coups :
1- baisse du risque donc diminution des frais et dommages éventuels encourus.
2- geste pour la planète, grâce à une économie d'énergie et autres ressources et à la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Le passage à une nouvelle génération d'appareils s'accompagne en effet généralement d'une amélioration du rendement.
3- contribution patriotique à la relance de l'économie pour aider le pays à s'extraire de la récession actuelle, "la pire depuis la Deuxième guerre mondiale" aux dires du gouvernement.
Ces trois éléments incitatifs ne valent assurément pas que pour le Japon.

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