Philippe Archinard, Président d’Innogenetics : "Le paradigme de la biotechnologie n'est pas le clona

13 janvier 2003 à 00h00
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AB - Monsieur ARCHINARD, bonjour. Quel a été votre parcours avant d'intégrer Innogenetics en tant que Président ?

PA - Après un doctorat en Chimie à l'Université de Lyon en 1985, j'ai débuté ma carrière chez bioMérieux en tant que responsable des laboratoires "Immunologie". En 1997, j'ai été nommé Executive Vice President du groupe, où j'étais responsable des opérations en Europe, de la R&D et du marketing.

C'est finalement en mars 2000 que j'ai rejoint la société de biotechnologie belge Innogenetics en qualité de CEO. L'idée de mon arrivée correspondant à une nouvelle étape de la société : celle qui consiste à déployer une stratégie de R&D déjà en place au niveau commercial et financier.

AB - Quelle est votre définition du terme "biotechnologies" ?

PA - Les Biotechnologies résident dans l'utilisation de la biologie pour le développement de produits et d'applications destinés à être utilisés dans l'agriculture, la gestion de l'environnement et bien entendu les soins de santé.

AB - L'activité de votre société est centrée sur l'élaboration de "diagnostics" à forte valeur ajoutée (dont les "theranostics") et le développement de médicaments. Qu'en est-il exactement de l'expertise du groupe en matière de "diagnostics"?

PA - Innogenetics a développé une position de leader mondial dans le domaine des outils diagnostiques. Ces derniers sont utilisés dans la gestion continue des patients ; c'est ce que nous appelons la "théranostique".

Ces outils à haute valeur ajoutée permettent d'évaluer certaines formes de prédisposition génétique, d'effectuer des diagnostics rapides et de haute précision, de sélectionner les traitements les plus appropriés, ainsi que de suivre (monitoring) et éventuellement adapter le traitement.

C'est ce que nous faisons par exemple avec Bayer afin de donner aux médecins des réponses adaptées et surtout rapides au profil génétique du virus pour le traitement de l'hépatite C.

Cette nouvelle niche au sein de monde du diagnostic connaît une forte croissance grâce à son aspect pharmaco-économique car elle influence favorablement les dépenses de soins de santé.

Dans ce domaine, Innogenetics se concentre principalement sur trois axes de recherche : les maladies infectieuses (Sida, Hépatite B et C, tuberculose...), les maladies neuro-dégénératives (maladie d'Alzheimer) et enfin les maladies génétiques (la mucoviscidose, compatibilité lors de transplantation d'organes, etc.)

Par ailleurs, cette activité diagnostic, dont le résultat d'exploitation sera positif en 2002, permet de financer un autre pôle d'activités : la recherche thérapeutique avec notamment un vaccin thérapeutique contre l'Hépatite C aujourd'hui testé en phase 2.

Enfin, nous avons également une filiale, Xcellentis, spécialisée dans la cicatrisation de plaies (traitement des brûlures, des ulcères veineux...), ayant également un produit pour le traitement d'ulcères veineux en phase 2 de développement clinique.

AB - Quelle est l'influence des biotechnologies sur la société de l'information et de la connaissance ?

PA - Nous estimons que les développements bio-pharmaceutiques en cours vont donner une nouvelle dimension aux soins médicaux pour permettre une plus grande efficacité médicale et donc plus économique grâce à une évolution vers une médecine sur mesure.

AB - Qui sont vos principaux partenaires commerciaux et financiers ?

PA - Nos principaux partenaires commerciaux sont les trois principaux acteurs mondiaux du diagnostic in vitro : Roche Diagnostics, Bayer Diagnostics, et Abbott Laboratories. Sur le plan commercial, Innogenetics a signé en 2001 deux importants accords avec Bayer et Roche.

Au niveau des partenaires financiers, nous avons la chance d'avoir dans notre capital les sociétés Solvay et Bayer à hauteur de 8% et 2% respectivement.

AB - Innogenetics est cotée au Europe (ex-Easdaq) depuis novembre 1996. Pourquoi avoir opté le mois dernier pour une cotation à l'Euronext Bruxelles ?

PA - Cette double cotation, car nous restons listés sur le Nasdaq Europe, répond à notre souhait d'internationaliser et institutionnaliser notre actionnariat. Vu la perte de visibilité et de crédibilité du Nasdaq Europe pendant cette dernière année, nous avons logiquement opté pour le segment Euronext.

Concrètement, cette cotation nous permet aussi d'augmenter la liquidité de notre titre en bourse ; un critère d'investissement devenu primordial, tout particulièrement auprès des investisseurs institutionnels.

AB - Innogenetics connaît une croissance rapide depuis 5 ans. L'année 2002 a-t-elle été couronnée de succès ? Quels sont vos objectifs à moyen terme ?

PA - 2002 aura en effet marqué une étape importante de notre développement. Tout d'abord la croissance globale ne s'est pas relâchée. L'activité diagnostic devrait atteindre plus de 60 millions d'euros de chiffre d'affaires, assorti d'un résultat positif.

Sur le plan commercial, Innogenetics est aujourd'hui doté d'un portefeuille de produits théranostiques plus mature, plus proche du marché, et plus large. Les premiers effets de notre collaboration avec Roche se font notamment sentir grâce aux lancements des premiers produits dans le courant du dernier trimestre 2002.

Enfin, sur le plan de la R&D thérapeutique, nous avons un nombre de projets prometteurs en cours.

AB - La présidente de Clonaid, Brigitte BOISSELIER, avait affirmé en décembre qu'un clone humain, Eve, est né au sein de la secte de Raël aux Etats-Unis, et qu'une naissance du même type était attendue en Europe pour ce début d'année 2003. Au-delà de la polémique, quel est votre sentiment sur le clonage humain ?

PA - Tout d'abord, cette actualité apparaît bien farfelue et peu digne d'intérêt. A un niveau plus général, le clonage demeure une question très difficile à analyser sereinement aujourd'hui. Comme pour toute découverte ou nouveau développement scientifique, il faut éviter tout abus éthique non justifié tout en optimisant les efforts de recherche.

Pour conclure, je tiens à affirmer qu'il ne faut pas tout confondre. Le paradigme de la biotechnologie n'est pas le clonage mais bien de trouver des solutions à l'éradication de maladies comme le Sida ou l'Hépatite C.

AB - Monsieur ARCHINARD, je vous remercie.

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